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6 juin 2019

Congrès 2019 - Bulletin, Jour 4

Congrès 2019

Je ne peux pas le faire seule

« Je ne peux pas le faire seule »

Linda Silas a lancé le jour 4 du congrès avec un grand appel à l’action pendant son allocution devant les délégué(e)s, et les a incité à participer aux causes qui exigent une attention immédiate et diligente.

Silas faisait écho au message communiqué souvent pendant le congrès : les infirmières et les infirmiers ont une voix à laquelle on fait confiance au Canada. En qualité de professionnels de la santé, leur voix est importante pour les personnes du Canada. C’est la raison pour laquelle les infirmières et les infirmiers doivent prendre la parole et exprimer l’urgence de mettre en œuvre un régime national d’assurance-médicaments, de lutter contre le changement climatique, et pour une société plus équitable. La prochaine élection nous offre une occasion clé d’influencer l’opinion publique et les politiques de la santé.

« Notre message est communiqué un peu partout mais les décideurs n’écoutent pas », souligne Silas. « Il faut que ça finisse. Mais je ne peux le faire seule. Mes 12 membres du conseil exécutif ne peuvent le faire seuls. Nous avons besoin de votre aide. »

« Nous devons tous participer activement et nous engager. »

Silas a aussi profité de l’occasion pour remercier les organisations membres et faire le résumé des principaux problèmes auxquels est confronté le personnel infirmier partout au pays, notamment la pénurie de personnel infirmier et les conditions de travail dangereuses.

Le nombre de réclamations pour maladie et incapacité augmentent chez le personnel infirmier et coûtent près de 1 milliard de dollars par année au système. Les infirmières et les infirmiers sont surmenés, c’est aussi simple que ça. En raison de la pire pénurie jamais observée, les infirmières et les infirmiers doivent gérer une charge de travail qui augmente constamment. Pour y arriver, ils doivent faire un nombre intenable d’heures supplémentaires.

Ils sont brûlés!

Silas déplore le fait que la violence soit encore un problème majeur dans le secteur infirmier du Canada. Selon le rapport de la FCSII, Enough is Enough, les réclamations pour temps perdu ont augmenté de 66 % en raison de la violence au travail. Récemment, le Syndicat des infirmières et infirmiers du Nouveau-Brunswick a observé le nombre le plus élevé de son histoire de réclamations pour incapacité de longue durée. Au Manitoba, les réclamations soumises à la Commission des accidentés du travail en raison de violence, d’abus ou de harcèlement ont augmenté de 311 % entre 2013 et 2018. À l’échelle du pays, les travailleurs de la santé soumettent plus de deux fois plus de réclamations pour temps perdu que les policiers et les agents correctionnels confondus!

Malgré tous ces défis, Silas met en relief plusieurs histoires à succès au cours des deux dernières années : le lobby pour le régime national d’assurance-médicaments, la lutte pour que le personnel infirmier soit inclus dans la législation relative à l’ESPT, la pression pour interdire la rémunération des donneurs de plasma grâce au projet de loi S-252 (Loi sur les dons de sang volontaires), et plusieurs autres. La FCSII a mis les préoccupations du personnel infirmier au premier rang du dossier sur les soins de santé à l’échelon fédéral. La FCSII est aussi engagée à mener des études de grande qualité qui mettront en lumière les enjeux prioritaires du personnel infirmier. Dans la foulée de plusieurs rapports fructueux sur le régime national d’assurance-médicaments, l’organisation se concentre maintenant sur deux sondages majeurs : le sondage national sur la dotation en personnel infirmier et le sondage national, en cours, sur les blessures liées au stress, afin de recueillir des données solides sur le vécu du personnel infirmier au travail, et pour amorcer des changements.

Silas a terminé son allocution en revenant sur ses 30 années de militantisme syndical, se souvenant que son fils Alex n’était qu’un bébé lorsqu’elle est devenue présidente du Syndicat des infirmières et infirmiers du Nouveau-Brunswick. Son fils a grandi les deux pieds dans le militantisme syndical et a fait sa première apparition sur une ligne de piquetage alors qu’il n’avait que six mois. Personne ne sera surpris d’apprendre qu’il est maintenant un membre très actif au sein de l’Alliance de la Fonction publique du Canada, et occupe un poste de vice-président exécutif régional remplaçant.

« Ce qu’Alex a tiré de ces expériences c’est le feu sacré. Et c’est ce dont on a besoin. C’est mon but pour vous aujourd’hui, cette semaine et toujours. »

« C’est de vous transmettre ce feu sacré. »

Ils changent la donne

À la demande générale, votre conseil exécutif national a passé la fin de la matinée de jeudi à parler des problèmes majeurs auxquels est confronté le personnel infirmier du pays.

Niveaux sécuritaires de dotation, violence au travail, régime national d’assurance-médicaments, équité et inclusion, recourir au personnel infirmier praticien pour alléger la pression sur le système. Voilà ce qui changera vraiment la donne pour assurer l’avenir des soins de santé.

« La dotation axée sur la sécurité est un enjeu énorme », souligne Vicki McKenna, présidente de l’AIIO. « C’est une lutte et une bataille. Les faits et les études sont importants mais, chacun et chacune d’entre nous devrons nous tenir debout et nous exprimer pour faire une différence. »

Tracy Zambory, présidente du SIIS, observe que les données du rapport de recherche de la FCSII Dotation en personnel infirmier : plus pour moins « pulvérise les mythes et souligne la valeur, le rôle et la nécessité des infirmières et des infirmiers. »

« Diffusez les données : partagez-les avec le public. Il ne s’agit pas seulement du personnel infirmier, il s’agit aussi des patients et de la sécurité des patients. »

Joseph Shaw de l’AEIC a partagé l’histoire d’un collègue étudiant qui s’est blessé pendant la formation en raison des niveaux de dotation. « S’il n’y a pas suffisamment d’infirmières ou d’infirmiers pour former les étudiant(e)s, comment cela peut-il nous aider? Qu’est-ce que cela signifie pour notre avenir en tant qu’infirmière ou infirmier? »

« Il faut la volonté politique d’investir dans les ressources. Si c’est dangereux pour nous, c’est dangereux pour les patients et les familles », répète Heather Smith, présidente des IIUA.

Des messages puissants nous arrivent des premières lignes. De vraies personnes racontant de vraies histoires. Voilà comment nous créons une révolution », affirme Debbie Forward, présidente du SIIATNL.

Les résultats du sondage 2018 de la FCSII, Développer le potentiel inexploité des infirmières et des infirmiers praticiens au sein du système de soins de santé du Canada, nous fournit des données solides démontrant qu’un plus grand nombre d’infirmières et d’infirmiers praticiens (IP) permet de réduire les délais d’attente, d’économiser dans le secteur de la santé, et de sauver des vies. À une période où les ressources humaines en santé sont les premières touchées lorsque les gouvernements décident de réduire les budgets, ce rapport propose une meilleure façon d’économiser : utiliser les IP pour combler les lacunes dans notre système.

« Il y a un potentiel inexploité chez tout le personnel infirmier », souligne Janet Hazelton, présidente du SIINÉ. « Nous devons remettre en question et changer la façon dont nous faisons notre travail. Nous avons, pendant longtemps, laissez les personnes nous enlever des petits morceaux de notre travail. Il faut que ça finisse. »

Paula Doucet, présidente du SIINB, a partagé une histoire qui trouve écho dans plusieurs provinces. Dans sa province, 2 500 Néo-brunswickois(e)s n’ont pas de médecin de famille et il y a des IP qui ne peuvent se trouver du travail.

« Aux décideurs et aux employeurs : il est temps de sortir votre tête du sable. Nous avons des IP qui sont sous-utilisé(e)s. Si vous voulez que les gens soient plus en santé, voilà la réponse. »

Si nous voulons des niveaux sécuritaires de dotation et améliorer l’accès aux soins de santé primaires, nous ne pouvons pas demeurer muets. Nous devons être à la table… fin de l’histoire. Darlene Jackson, présidente du SIIM, l’a très bien exprimé lorsqu’elle a dit : « Si vous voulez savoir comment guérir les soins de santé, parlez à ceux et celles qui dispensent les soins. »

« Si nous voulons changer les politiques et la mentalité des décideurs, nous devons être à la table et faire partie de la discussion », réitère Pauline Worsfold, secrétaire-trésorière de la FCSII. « Notre document d’orientation et les données de recherche démontrent clairement que le personnel infirmier et les IP sauvent non seulement de vies mais permettent aussi d’économiser des sous. »

Pendant une brève discussion au sujet du régime national d’assurance-médicaments, Worsfold mentionne que, selon les estimations, les économies pour le système sont plus de 11 milliards $. Imaginez ce que nous pourrions faire si nous réinvestissions cet argent dans le système.

Cela changerait la donne.

Se tenir debout et s’exprimer fortement sera crucial pour changer le paysage des soins de santé dans ce pays. Les médias sociaux seront des outils efficaces pour communiquer notre message, déclencher une conversation, et sensibiliser le public. Toutefois, Mona O’Shea, présidente du SIIÎPÉ demande aux membres d’être prudents lorsqu’ils utilisent les médias sociaux.

Les infirmières et infirmiers devraient utiliser les médias sociaux pour attirer l’attention sur les vrais problèmes, tout en veillant à protéger la confidentialité des patients, a expliqué O’Shea.

Plus tard aujourd’hui, la FCSII lancera les documents pour la campagne de mobilisation en vue de l’élection fédérale. Demeurez à l’écoute pour savoir comment vous joindre à la conversation et comment changer la donne lors de la prochaine élection fédérale.

Solidarité par l’équité et l’inclusion

En 2018, la FCSII s’est engagée à approfondir son travail auprès des jeunes travailleurs et des groupes en quête d’équité. Nous avons déployé des efforts pour élaborer des ressources et des outils afin de respecter notre engagement, y compris offrir des occasions de sensibilisation comme notre atelier Équité et inclusion au sein de nos syndicats.

Avec les conseils et l’aide de Meera Chander, juriste-conseil, la FCSII a créé la Trousse à outils sur l’équité et l’inclusion, mise à la disposition de toutes ses organisations membres. La trousse sur l’équité et l’inclusion est conçue pour aider la FCSII et ses organisations membres dans leur lutte à cet égard en leur fournissant une série d’informations : foire aux questions, introduction à la lentille de l’équité, glossaire sur le langage inclusif, liste de vérification à l’échelle de l’organisation, liste de vérification relative à l’accès à des activités, exemples d’ateliers, et exemples de politiques ou d’énoncés de position.

La trousse a connu un tel succès que nous avons décidé d’y donner suite. Hier, la FCSII était ravie d’enfin dévoiler les Cartes contre l’iniquité, un autre outil créé pour aider les infirmières et les infirmiers à déclencher les conversations sur l’équité et l’inclusion. Étalez vos cartes aujourd’hui et laissez la conversation se poursuivre!

La FCCII lance un projet commémoratif

Les syndicats infirmiers du Canada ont une riche histoire de défense des droits des patients et de notre profession et, depuis 1981, nous avons été unis et solidaires pour créer des changements positifs, et pour améliorer et protéger les soins de santé publics au pays.

Notre histoire est remplie de faits inspirants et inédits qui méritent d’être partagés et transmis aux autres. Voilà pourquoi la FCSII a récemment commandé un livre afin de mettre en lumière et préserver notre histoire collective.

Grâce à des entretiens avec des leaders actuels et anciens, Ann Silversides, journaliste, fait la chronique de notre mouvement, un mouvement qui a permis de mieux comprendre la réalité infirmière.

Le livre, intitulé Forger notre place : Récits des leaders du mouvement syndical des infirmières et infirmiers du Canada, a été lancé officiellement hier.

« Il s’agit de notre héritage », explique Linda Silas, présidente de la FCSII. « En qualité de professionnels hautement qualifiés, les infirmières et les infirmiers ont dû lutter pour changer la perception du public et des institutions de notre rôle au sein du système de soins de santé. »

« Nous avons rejeté le rôle de spectateur silencieux. Loin d’être silencieux, en tant que mouvement, nous luttons et nous nous exprimons fortement pour de meilleures conditions de travail et des soins de qualité. »

Comme exemple du travail de défense des droits dans le domaine des politiques de la santé, Silas cite le régime national d’assurance-médicaments que son organisation revendique depuis des décennies.

Or, le livre rédigé par Silverside, dépasse la mise en relief des succès de la fédération. Comme 90 % des membres sont des femmes, la FCSII n’a pas été à l’abri du sexisme même au sein de ses propres rangs. En rédigeant Forger notre place : Récits des leaders du mouvement syndical des infirmières et infirmiers du Canada, la journaliste canadienne de renom n’a pas seulement fait la chronique d’un pan de l’histoire du mouvement syndical au Canada, mais elle a aussi mis en lumière un volet important du mouvement féministe national et sa lutte pour l’égalité.

Pour en savoir davantage sur nos racines, consultez la ligne de temps interactive à fcsii.ca/notre-histoire.

Prix Du pain et des roses

Honorer les contributions exceptionnelles à la lutte pour des enjeux infirmiers importants

L’expression « du pain et des roses » tire sa source du succès de la grève du textile à Lawrence au Massachusetts. La grève était menée majoritairement par des femmes. Leurs demandes de salaire équitable et de conditions de travail décentes ont été résumées dans le slogan : « Nous voulons du pain, et des roses aussi! »

À la clôture de notre première journée d’affaire, nous avons pris un moment pour honorer deux importantes dirigeantes syndicales, et une personne luttant pour assurer la sécurité des approvisionnements en sang. Nous avons voulu souligner leur contribution exceptionnelle aux politiques, aux prises de décision, à la défense des droits des patients, et à la sensibilisation du public aux enjeux importants aux yeux des infirmières et des infirmiers.

Mona O’Shea a été élue présidente du syndicat infirmier de l’Î.-P.-É. au printemps 2010 et, depuis, elle est reconnue comme la voix des infirmières et des infirmiers de cette province. Elle est maintenant à son cinquième mandat de présidente. Mona a lutté pour les patients et le personnel infirmier lorsque la province a commencé à éliminer des postes vacants. Elle a supervisé l’expansion du syndicat infirmier auquel s’est ajouté les infirmières et les infirmiers en soins primaires, elle a démontré son leadership en appuyant l’affiliation du syndicat à la Fédération des travailleurs de l’Î.-P.-É., et elle a contribué au succès de la coalition de la santé de l’Î.-P.-É.

Daphne Wallace, deuxième vice-présidente du syndicat infirmier de l’Alberta, a commencé sa carrière d’infirmière à St. John’s (Terre-Neuve-et-Labrador). En quelques semaines, elle devient militante syndicale. Après avoir travaillé comme infirmière autorisée (IA) et représentante syndicale en Nouvelle-Écosse et en Colombie-Britannique, elle s’installe en Alberta en 1990 et n’a cessé d’être active au sein de son syndicat. Elle y occupe des postes à chaque échelon avant d’être élue deuxième vice-présidente en 2013, un poste qu’elle occupe encore aujourd’hui.

Kat Lanteigne, scénariste et défenseure des droits vivant à Toronto, est directrice générale de BloodWatch.org et une de ses cofondatrices. Cette organisation sans but lucratif lutte pour un système de collecte du sang qui soit sûr, public, et basé sur les donneurs volontaires. BloodWatch est déterminé à faire respecter les recommandations du juge Horace Krever à la suite de l’enquête 1993 sur le scandale du sang contaminé au Canada. Depuis 2013, sa lutte acharnée a ouvert la voie à une législation historique protégeant le système public de collecte de sang fondé sur les dons volontaires en Ontario, Alberta et Colombie-Britannique.

À ces prix remis jeudi s’ajoute celui remis, lors de la réception d’accueil de la FCSII lundi dernier, à Hassan Yussuff, président du Congrès du travail du Canada (CTC), pour avoir incité le CTC à appuyer et défendre un régime public d’assurance-médicaments pour tous au Canada.

Félicitations à tous les récipiendaires de ce prix prestigieux. Vous êtes une inspiration pour nous tous!