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15 février 2018

Réflexion de la présidente de la FCII, Linda Silas, sur la récente réunion du Conseil canadien du CTC

Un fort sentiment d’appartenance à la communauté syndicale est plus essentiel que jamais auparavant 

Par Linda Silas

La décision récente d’Unifor, le plus grand syndicat du secteur privé, de se désaffilier de notre fédération nationale du travail, le Congrès du travail du Canada (CTC), a engendré de l’incertitude par rapport à l’avenir de la communauté syndicale et pourrait créer encore plus de division.

Plusieurs d’entre nous avons consacré une grande partie de notre vie à l’amélioration du sort des personnes du Canada et, pour nous, cette division est démoralisante et ses répercussions sont préoccupantes.

Bien que fiers de leur longue histoire de service professionnel au Canada, les infirmières et les infirmiers sont relativement nouveaux au sein du mouvement syndical. Ils sont syndiqués depuis seulement 40 ans environ, au taux actuel d’environ 90 %. Nous nous sommes joints au CTC en 1999.

Malgré notre histoire relativement courte, nous sommes une force unie et nous savons combien le fait de travailler ensemble nous donne du pouvoir pour amorcer des changements. C’est la raison pour laquelle nous nous sommes joints à la centrale syndicale.

En qualité de travailleurs de première ligne, les infirmières et les infirmiers sont, depuis longtemps, les défenseurs des patients et du système de soins de santé dans son ensemble. Nous observons directement les effets des mauvaises politiques, par exemple les niveaux inadéquats de dotation qui nuisent aux patients et coûtent davantage au système, et les grandes compagnies pharmaceutiques qui se remplissent les poches alors que des millions de personnes au Canada doivent se passer de médicaments parce qu’elles n’ont pas les moyens de les payer.

Depuis que nous nous sommes joints au CTC, nous avons tiré parti du réel pouvoir collectif créé par un mouvement syndical élargi, et uni, travaillant en solidarité. Lorsque les chauffeurs d’autobus, les travailleurs des mines, les travailleurs de l’industrie automobile, les comptables, les employés d’hôtels, les fonctionnaires, les physiothérapeutes, les enseignants, les infirmières et tellement plus, travaillent ensemble, ils peuvent remporter de grandes victoires et ils l’ont démontré.

Grâce au CTC, nous avons pu améliorer la santé et la sécurité au travail, augmenter le salaire minimum, bonifier le Régime de pensions du Canada pour les jeunes travailleurs, sensibiliser davantage au sujet de la violence conjugale, et progresser dans l’atteinte de notre objectif collectif d’offrir un travail décent à l’abri de la violence, du harcèlement et de l’intimidation, pour ne nommer que quelques-uns des accomplissements.

En qualité d’infirmière et de dirigeante élue de près de 200 000 infirmières, infirmiers, étudiantes et étudiants en sciences infirmières du Canada, il me revient en tête une importante leçon tirée de nos expériences quotidiennes en tant que fournisseurs de soins.

Le personnel infirmier a une appréciation unique du pouvoir – en fait, de la nécessité – d’appartenir à une communauté. Notre système de soins de santé est bâti autour d’une forte éthique communautaire. Tous, à partir des chirurgiens les plus qualifiés aux chefs dans les cuisines, doivent travailler ensemble, en équipe, pour assurer la sécurité et la meilleure qualité possible des soins dispensés aux patients et à leur famille. Nous ne jouons pas tous le même rôle dans la prestation des soins et nous ne devrions pas. L’essentiel c’est de respecter et, surtout, d’apprécier nos différences.

La fissure actuelle dans le mouvement syndical vient de l’échec à rallier nos différences par la communication ouverte, et à se respecter en demeurant déterminés à faire partie d’une communauté d’initiateurs de changements.

Il y a aura toujours des divergences d’opinion. Au cours des 14 dernières années, j’ai travaillé avec des dirigeants syndicaux canadiens et je sais que nous sommes tous fiers de la diversité de nos histoires et de nos cultures. Nous devons souscrire pleinement à notre centrale syndicale, au CTC et aux processus qui régissent nos interactions et nos différends au sein des syndicats, et cela comprend nos représentants élus.

Les décisions prises, le 5 février, par le Conseil canadien du CTC, reconnaissent le fait que notre mouvement syndical n’est pas fondé sur une organisation ou un leader. Nous avons appuyé fortement les Statuts du CTC et reconfirmé que nous sommes un mouvement fort et déterminé à améliorer le mieux-être de tous les travailleurs et, en fait, de toutes les personnes qui vivent au Canada. J’appuie fièrement cette position.

Ce que les infirmières et les infirmiers ont toujours compris, et ce que nous avons apprécié en qualité de membre du mouvement syndical, est ceci : qu’importe nos différences, notre efficacité dépend de notre unité. Je mets homologues syndicaux au défi de se joindre à moi pour redoubler les efforts et créer une plus grande unité au sein de notre centrale. Ainsi, nous pourrons syndiquer les travailleurs ayant besoin de représentation, et continuer notre important travail pour que nos collectivités soient plus fortes, plus sécuritaires et plus saines.