Le sang est une nécessité médicale publique et essentielle, non pas une marchandise.
Les infirmières et les infirmiers du Canada condamnent la décision de la Société canadienne du sang (SCS) de rémunérer les donneurs de plasma dans le cadre de leur nouvelle entente avec Grifols, compagnie pharmaceutique internationale.
La SCS laisse entendre depuis des semaines qu’elle pourrait, pour la première fois de son histoire, commencer à collaborer avec des compagnies privées qui rémunèrent les donneurs de plasma sanguin. Cette décision entraînerait des conséquences de longue portée qui pourraient menacer la viabilité du système public de collecte de sang au Canada.
« En venir à cette entente signifie que la Société canadienne du sang abandonne son mandat d’administrer un système public de collecte de sang basé sur les donneurs volontaires et non rémunérés, et ouvre la porte à la privatisation illimitée d’une ressource essentielle dont dépendent tant de personnes au Canada », souligne Pauline Worsfold, secrétaire-trésorière de la Fédération canadienne des syndicats d’infirmières et infirmiers (FCSII).
La SCS est responsable de presque tout le plasma recueilli ici, au Canada, mais la nouvelle entente signée avec Grifols – le plus grand fabricant de plasma au monde – va fondamentalement chambouler ce processus et permettre à Grifols d’établir des cliniques privées pour la collecte et le fractionnement du plasma et, ultimement, le revendre à la SCS pour un profit.
Sans limites claires pour protéger la viabilité de notre système public de la commercialisation à grande échelle, les infirmières et les infirmiers du Canada s’inquiètent profondément car la rémunération des donneurs de plasma va mettre en péril la collecte du sang à partir de donneurs volontaires et non rémunérés, et cela partout au pays. Cela contrevient directement au mandat de la SCS de recueillir les dérivées du sang et du plasma à partir de donneurs volontaires et non rémunérés.
De plus, l’entente met officiellement fin à tous les efforts de la SCS pour arriver à l’autosuffisance en plasma recueilli à partir de donneurs volontaires et non rémunérés, comme l’ont fait avec succès d’autres provinces, y compris le Québec qui a doublé son autosuffisance qui est passée de 15 % à 30 % entre 2016 et 2021. À titre de comparaison, la SCS est demeurée à 15 % pendant la même période.
« Il est profondément troublant de voir que cette décision a été prise en omettant le public et sans reddition de compte. Par conséquent, la confiance dans la Société canadienne du sang est minée », ajoute Worsfold. « L’administration responsable du système public de collecte du sang exige la transparence et l’engagement d’améliorer l’accès pour tous. »
Les infirmières et les infirmiers du Canada demandent aux ministres de la Santé fédéral, provinciaux et territoriaux, de s’engager de nouveau par rapport au mandat de la SCS d’administrer un système public fondé sur les donneurs volontaires et non rémunérés en remplaçant immédiatement le PDG actuel et le conseil d’administration. Il s’agit d’une étape nécessaire si nous voulons rétablir la confiance du public dans la SCS et la collecte de sang à partir de donneurs volontaires et non rémunérés, et assurer la mise en œuvre fidèle de l’entente de 1998 qui a créé ce service public vital.