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19 août 2022

Le personnel infirmier du Canada demande à la Société canadienne du sang de cesser les négociations avec l’industrie du plasma rémunéré

Les infirmières et les infirmiers du Canada sont profondément troublés par les communiqués de la Société canadienne du sang (SCS) – autorité nationale d’approvisionnement en sang au Canada – selon lesquels elle négocierait avec les corporations rémunérant les donneurs de plasma afin qu’elles élargissent la collecte commerciale et à but lucratif du plasma partout au pays. La Fédération canadienne des syndicats d’infirmières et infirmiers (FCSII) a exprimé nos inquiétudes au sujet de la présence de centres de collecte commerciale du plasma depuis leur arrivée au pays en 2016.

« Nous avons toujours maintenu, de concert avec BloodWatch et autres organisations concernées, que permettre aux donneurs de recevoir un paiement en échange de leur plasma crée une concurrence déloyale qui risque de nuire à toute notre base de donneurs volontaires de sang et de plasma », souligne Pauline Worsfold, secrétaire-trésorière de la FCSII.

Il serait irresponsable de menacer la viabilité de notre système de collecte de produits sanguins à partir de donneurs non rémunérés, particulièrement en ce moment où les dons de sang ont diminué significativement. La SCS a elle-même reconnu avoir perdu plus de 30 000 donneurs au cours des deux dernières années. Bien qu’elle ait investi pour attirer davantage de donneurs, ce serait aller à l’encontre de ces investissements que de conclure en même temps un accord pour élargir massivement l’industrie du plasma rémunéré, même si, comme l’a suggéré la SCS, une partie du plasma recueilli est utilisé au Canada.

Si nous payons, à grande échelle, les donneurs canadiens pour leur plasma, nous allons mettre en danger notre système de donneurs non rémunérés de sang et de plasma. La SCS a admis cela – la croissance à grande échelle des centres de collecte commerciale du plasma, selon leurs propres mots, nuit au système actuel de donneurs volontaires de sang et de plasma.

Comme l’a conclu l’Enquête Krever, le sang peut seulement être recueilli à partir de donneurs volontaires, sans paiement, et pour des raisons de sécurité. Si la rémunération du plasma devient la norme au Canada, cela rendrait notre approvisionnement de produits sanguins à partir de donneurs non rémunérés particulièrement vulnérable.

Il n’y a pas d’alternative à l’approvisionnement total en produits sanguins. Par conséquent, lorsque l’on perd des donneurs de sang au profit du système du plasma rémunéré, nos réserves en sang sont par conséquent diminuée.

« Si la SCS est inquiète par rapport à assurer suffisamment de plasma recueilli au Canada, elle devrait suivre les pas de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande et de plusieurs pays européens, et investir davantage dans des centres de collecte réservés aux donneurs non rémunérés », ajoute Worsfold.

Puisque les provinces et les territoires sont les plus grands fournisseurs de fonds pour la SCS, il appartient à ces gouvernements de demander de mettre fin aux négociations entre la SCS et l’industrie du plasma rémunéré. La SCS devrait consacrer ses ressources à pétitionner ces gouvernements pour obtenir des fonds supplémentaires pour ouvrir davantage de centres publics de collecte réservés aux donneurs non rémunérés, plutôt que conclure un accord avec des compagnies pharmaceutiques multinationales. Il appartient aussi au conseil d’administration de la SCS de conseiller à la SCS de mettre fin à ces négociations.

Les infirmières et les infirmiers du Canada sont fiers de se joindre au chœur grandissant de voix, partout au pays, demandant à la SCS de cesser immédiatement ces négociations et, dans l’avenir, d’être transparente avec le public canadien par rapport à des décisions d’une telle portée. Le sang canadien ne devrait jamais devenir une entreprise à but lucratif, particulièrement pendant une pandémie, soit une période difficile économiquement et pendant laquelle la population canadienne a du mal à joindre les deux bouts.

« Nous sommes prêts à collaborer avec la SCS pour favoriser l’expansion continue, partout au pays, de notre système de collecte de sang et de plasma à partir de donneurs non rémunérés », conclut Worsfold.