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8 janvier 2021

La FCSII accueille favorablement la mise à jour de l’ASPC de ses lignes directrices Prévention et contrôle de la COVID-19 pour les établissements de soins actif

Communiqué de presse
COVID-19

8 janvier 2021 – Plus tôt aujourd’hui, l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC) a communiqué une mise à jour de ses lignes directrices sur la COVID-19 pour les établissements de soins actifs. Il s’agit de la première mise à jour des directives depuis le 30 avril 2020 et depuis que l’agence ait reconnu, en novembre dernier, que le virus pouvait se transmettre par gouttelettes respiratoires infectieuses suspendues dans l’air.

Des gouttelettes respiratoires sont générées lorsqu’une personne infectée tousse, éternue, crie ou parle; elles sont de différentes tailles allant de grosses gouttelettes à de petites gouttelettes, aussi appelées aérosols, qui restent suspendues dans l’air et peuvent être inhalées. La transmission se fait en grande partie par contact étroit avec une personne infectée (jusqu’à 2 mètres).

L’énoncé de position de la FCSII sur la COVID-19 précise que dans les « zones chaudes » où se font des interventions médicales générant des aérosols (IMGA) (par exemple unités de soins intensifs, salles d’urgence, salles d’opération, unités de soins post-anesthésiques et centres de traumatologie) ou dans les unités réservées aux patients COVID, on devrait fournir aux travailleurs de la santé, et ils devraient utiliser, des respirateurs N95 homologués par le NIOSH et soumis à un essai d’ajustement puisque le risque de transmission par aérosols est élevé dans ces aires de soins actifs.

Outre la mise à jour des données scientifiques sur les principaux modes de transmission, on observe des améliorations positives aux lignes directrices qui pourraient permettre de protéger les travailleurs de la santé des risques de transmission par aérosols :

  • Les lignes directrices mises à jour par l’ASPC reconnaissent l’importance de l’évaluation des risques au point d’intervention afin de déterminer l’équipement adéquat de protection individuelle. Elles reconnaissent aussi, pour la première fois, qu’il puisse y avoir exposition à des aérosols du virus en l’absence d’IMGA. Selon les lignes directrices, pour déterminer la pertinence d’utiliser un respirateur N95, le travailleur de la santé doit déterminer a) s’il fera une IMGA, b) s’il anticipe des expositions nombreuses ou imprévues à des IMGA (par exemple, dans des unités réservées aux patients COVID), ou c) s’il y a risque d’exposition à des aérosols du virus.
  • L’ASPC recommande que les travailleurs de la santé et les visiteurs portent un masque médical en tout temps dans les établissements de soins actifs. Les patients devraient aussi porter le masque (s’ils peuvent le tolérer) à l’extérieur de leur chambre ou quand le personnel entre dans leur chambre.
  • L’ASPC recommande aussi aux travailleurs de la santé de porter un équipement de protection des yeux pendant toute la durée de leur quart de travail, par exemple écran facial complet ou lunettes de protection bien ajustées.
  • De plus, l’ASPC reconnaît que des facteurs organisationnels peuvent contribuer à la propagation du virus dans les établissements de soins actifs. Les travailleurs de la santé qui n’ont pas accès à des congés peuvent sentir une pression à continuer à travailler après avoir été exposés à la COVID-19. Bien que l’ASPC recommande le « congé de maladie non punitif », la FCSII maintient que le congé de maladie rémunéré encouragerait davantage les travailleurs de la santé à rester à la maison lorsqu’ils ont été exposés à la COVID-19 ou ont contracté la maladie. Advenant de nombreuses absences en raison d’exposition ou de maladie, les employeurs doivent aussi s’assurer d’avoir suffisamment de personnel pour éviter les pénuries criantes de personnel car cela aurait des répercussions négatives sur les soins dispensés aux patients.

Plusieurs de ces recommandations reconnaissent les demandes répétées de la FCSII auprès des gouvernements pour qu’ils tiennent compte du principe de précaution, leçon fondamentale tirée du SRAS et selon laquelle il faut privilégier la prudence en l’absence de certitude scientifique sur le mode de transmission d’une maladie.

Malheureusement, la FCSII s’inquiète car les directives ne respectent pas complètement le principe de précaution quand vient le temps d’assurer le plus haut niveau de protection aux travailleurs, notamment des respirateurs N95 homologués par le NIOSH et soumis à un essai d’ajustement, ou de qualité supérieure (respirateurs élastomériques réutilisables ou respirateur d’épuration d’air expulsé). De plus, les directives continuent de mettre le fardeau de la protection sur le dos des travailleurs de la santé qui doivent, eux-mêmes, demander les équipements adéquats de protection individuelle tout en sachant que cette protection pourrait leur être refusée.

Il est troublant de voir que les lignes directrices mentionnent de réutiliser les masques chirurgicaux et les respirateurs N95, une pratique qui, plus loin, est reconnue allant à l’encontre « … des concepts fondamentaux des pratiques de prévention et de contrôle des infections. » La réutilisation est à éviter selon les spécialistes de la santé et de la sécurité au travail parce qu’elle pose un risque supplémentaire aux travailleurs de la santé lorsqu’ils doivent mettre et enlever des EPI potentiellement contaminés. Pour éviter les pénuries et arriver à une solution viable, nous devrions plutôt penser à utiliser d’autres types de respirateurs ou des respirateurs réutilisables.

Bien que la FCSII reconnaisse que cette mise à jour des lignes directrices soit un pas dans la bonne direction, il faut faire beaucoup plus pour protéger les travailleurs de la santé du Canada. La FCSII recommande, comme elle le fait depuis la crise du SRAS, que l’ASPC respecte le principe de précaution lors de l’élaboration de documents de prévention et de contrôle des infections afin de mieux protéger les travailleurs de la santé et leurs patients.

« Depuis des mois, les travailleurs de la santé du Canada luttent contre la COVID-19, souvent dans des conditions loin d’être idéales, et trop souvent en mettant leur propre vie et leur sécurité en danger », précise Linda Silas, présidente de la FCSII. « Oui, nous sommes tous dans le même bateau mais cela ne veut pas dire qu’il soit acceptable d’exposer inutilement les travailleurs de la santé à la COVID-19; les gouvernements doivent intensifier leurs efforts pour vraiment protéger les personnes aux premières lignes de cette pandémie mondiale. »

« Les travailleurs de la santé sont des personnes courageuses qui se soucient des autres. Ils méritent de se rendre au travail en sentant qu’ils seront protégés et de revenir à la maison sains et saufs… tout comme le reste d’entre nous. »