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20 octobre 2020

Deux travailleurs blessés à la suite d'actes de violence au travail; l'employeur reçoit qu'une tape sur les doigts

Violence

Pour ne pas avoir protégé adéquatement les travailleurs de la santé contre la violence, un hôpital ontarien reçoit une tape sur les doigts : une amende de 80 000 $. La Cour de justice de l’Ontario a imposé cette amende, à la fin de la semaine dernière, après que le Centre régional de santé Southlake de Newmarket, Ontario, ait plaidé coupable.

L’affaire découle d’un incident survenu en janvier 2019, notamment deux travailleurs ont été blessés à la suite de voies de fait de la part d’un patient. Après qu’un agent de police du service régional de York ait amené le patient à l’hôpital, ce dernier a été évalué comme posant un risque modéré de violence. Plus tard dans la journée, une infirmière autorisée et un agent de sécurité ont été agressés physiquement alors qu’ils tentaient d’apporter de la nourriture au patient. Les deux ont subi des blessures graves.

« Cette maigre amende est une insulte aux milliers de travailleurs de la santé du Canada qui en ont assez de se faire agresser au travail – de recevoir des coups de pieds, des coups de poings, des tapes, ou de se faire cracher dessus – et qui en ont assez des employeurs qui continuent d’agir comme si la violence dans le secteur de la santé fait simplement partie du travail », souligne Linda Silas, présidente de la Fédération canadienne des syndicats d’infirmières et infirmiers (FCSII).

« En ce moment, nous avons une culture qui considère ces incidents comme inévitables, comme la normale des choses. Nous avons besoin d’une culture qui accorde de la valeur aux travailleurs de la santé et cherche activement à assurer leur sécurité. »

D’ailleurs, l’enquête relative à cet incident, et menée par le ministère du Travail, de la Formation et du Développement des compétences, a identifié plusieurs dangers négligés par l’employeur.

L’Association des infirmières et infirmiers de l’Ontario (AIIO) espérait voir les tribunaux imposer non seulement une pénalité proportionnelle au préjudice occasionné mais une pénalité qui agirait aussi comme élément dissuasif pour les employeurs du secteur de la santé.

« Avec de telles décisions, le personnel infirmier et les travailleurs de la santé se sentiront comme s’ils étaient sacrifiables », mentionne Vicki McKenna, présidente de l’AIIO. Il doit y avoir une meilleure façon d’assurer que les employeurs du secteur de la santé respectent les lois et offrent à leur personnel aux premières lignes les milieux de travail dont ils ont besoin et qu’ils méritent. »

McKenna ajoute que l’IA souffre encore aujourd’hui des répercussions de l’agression.

En juin 2019, le Comité permanent de la santé de la Chambre des communes (HESA) a élaboré un rapport sur la violence dans le secteur de la santé qui s’accompagne de plusieurs recommandations visant à endiguer le problème endémique de la violence dans le secteur de la santé. La FCSII continue de collaborer avec les gouvernements pour que ces mesures tellement nécessaires soient mises en place partout au pays afin de protéger les travailleurs de la santé.

Dans son rapport, le comité HESA a inclus plusieurs recommandations soumises par la FCSII, y compris celle d’amender le Code criminel. Selon le libellé du nouveau Code criminel, avant de déterminer la sentence, la cour devra considérer, comme circonstance aggravante, le fait que la victime de voies de fait est un travailleur de la santé.

Au Canada, le nombre de blessures liées à la violence et entraînant un arrêt de travail chez les travailleurs de la santé de première ligne a augmenté de près de 66 % entre 2006 et 2015. Depuis le début de la pandémie de COVID-19, le personnel infirmier signale une augmentation des comportements violents chez les patients et les membres de leur famille qui sont frustrés en raison des nouvelles règles mises en place pour stopper la propagation du virus.


Agissez maintenant : Il est temps, pour nos politiciens fédéraux, de mettre en œuvre les recommandations du rapport de HESA, et de rendre les milieux de travail du secteur de la santé sécuritaires pour les travailleurs et les patients. Cliquez ici pour dire à vos dirigeants élus que la violence ne fait pas partie du travail.