Lors du congrès, la FCSII a animé une discussion entre experts portant sur les impacts du racisme dans le secteur de la santé. Carrie Bourassa, Ph. D., la Dre Monica Dutt, et Cynthia Mascoll ont participé à cette discussion. Yasmin Gardaad, agente des relations du travail à la FCSII, a été la modératrice. La pandémie de COVID-19 nous a permis de concentrer davantage notre attention sur le racisme systémique et sur comment il contribue aux disparités en santé mais, comme l’ont souligné les experts, ces problèmes existaient bien avant la pandémie.
« La COVID-19 suit la même tendance que presque tous les autres problèmes de santé : diabète, maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC), maladie cardiaque », précise la Dre Monica Dutt. « Les personnes victimes d’oppression systémique auront de pires résultats en santé. »
« Cela n’a pas besoin d’être comme ça, mais c’est ça que nous observons. »
Cynthia Mascoll, infirmière membre de l’Association des infirmières et infirmiers de l’Ontario, pense la même chose. Elle croit que le racisme devrait être considéré comme un comorbidité.
« Le racisme a un effet physiologique sur le corps », explique Mascoll. On sait que le stress est lié à la maladie et à la longévité. Pour les personnes noires, autochtones et de couleur, une source importante de stress est de vivre dans une société où elles sont régulièrement victimes de micro-agressions, d’oppression, de discrimination et de racisme.
Lorsque des personnes racialisées se retrouvent dans le système de soins de santé, il peut s’avérer très difficile de seulement se faire entendre. Mascoll relate que le nombre de patients racialisés qu’elle voit arrivent souvent plus malades que les patients de race blanche.
« Parfois ces personnes doivent voir plusieurs médecins [avant de finalement trouver un médecin] qui va croire ce qu’elles lui disent. »
Elle mentionne aussi des études démontrant comment les médecins ont souvent tendance à moins traiter la douleur chez les patients de race noire. Cela est fondé sur la croyance raciste selon laquelle le corps des personnes noires est biologiquement différent et que ces personnes ont une plus grande tolérance à la douleur.
Parlant de la façon dont le racisme structurel affecte les populations autochtones, Carrie Bourassa, Ph. D., souligne qu’il faut tenir compte de plusieurs déterminants sociaux de la santé jusqu’à maintenant ignorés. Par exemple, certaines collectivités doivent vivre avec des avis de faire bouillir l’eau qui sont en vigueur depuis plus de 30 ans. Selon les données de 2016 de Statistique Canada, 27,4 pour cent des personnes dans les réserves vivent dans des logements surpeuplés, et près du quart vivent dans une maison ayant besoin de réparations majeures.
Bien que plusieurs personnes autochtones vivent en région rurale ou éloignée, l’accès aux soins n’est pas le seul obstacle; la peur du racisme anti-autochtones dans le secteur de la santé fait en sorte que plusieurs évitent d’aller chercher des soins en tout premier lieu.
« Nous devons créer des soins culturellement sûrs, et nous devons nous assurer de tenir compte des déterminants sociaux de la santé dans les collectivités rurales et éloignées », précise Bourassa.
Le démantèlement des structures qui favorisent ou renforcent les iniquités exige un effort concerté et continu. Tous nos experts étaient d’accord pour dire : nous devons écouter les personnes qui sont affectées.
« Plusieurs [personnes] ont mentionné l’existence de ces iniquités, particulièrement les personnes qui en sont directement victimes », souligne Dutt. « Je crois qu’il y a toujours une certaine réserve – tant et aussi longtemps qu’une étude n’a été menée et que les données existent – et, c’est pourquoi l’expérience personnelle de ces gens est ignorée. »
« Nous devons [reconnaître] l’importance d’écouter les histoires des personnes, et reconnaître que les iniquités et l’oppression existent. »
Pour visionner l’enregistrement complet du groupe sur les droits de la personne et l’équité, cliquez ici (et allez à la minute 18:15)