Environ 100 délégués, des membres de leur famille, des amis et des membres du personnel se sont réunis à la faible lumière de l’aurore, soit à 5 h 30, pour une cérémonie du lever du soleil dirigée par une Autochtone près de l’entrée du Centre des congrès de Niagara Falls.
Dirigée par Valarie King, aînée autochtone et gardienne du savoir, de la Première Nation Mississaugas de Credit, qui a soigneusement expliqué le rôle des gardiens du feu et la signification de la purification par la fumée, la cérémonie a duré environ une heure sous le ciel qui s’illuminait lentement.
Lors de la cérémonie, les membres autochtones et les dirigeants de la FCSII ont été purifiés par la fumée par l’aîné King avec de la fumée purificatrice, et ils ont saupoudré du tabac cérémonial, de la sauge et du cèdre dans le feu de la cérémonie. Un chemin a été laissé ouvert vers l’est.
Deux membres du groupe de chanteurs de Strong Water Singers ont chanté avec des voix claires et fortes et ont battu au tambour un rythme bas rappelant un battement de cœur. Après la cérémonie, les participants se sont dispersés tranquillement et respectueusement, en admirant le soleil comme un disque rouge dans le ciel nuageux.
« La vérité doit venir avant la réconciliation, et je suis heureuse que vous soyez tous ouverts à entendre la vérité. »
Ce mot d’ouverture prononcé par la cheffe Claire Sault, Ogimaa-kwe de la Première Nation Mississaugas de Credit, a eu une grande incidence sur la première journée éducative du congrès.
Le panel a réuni quatre dirigeants autochtones dans le domaine des soins de santé. Ce dernier a poursuivi l’élan de la cérémonie du lever du soleil et a donné le ton pour les excuses officielles de la FCSII aux peuples autochtones dans les heures qui ont suivi.
Lors de l’événement animé par Rose Lemay, qui a joué un rôle déterminant dans le travail de la FCSII en vue de présenter des excuses, les infirmières et infirmiers ont entendu :
Il est rare d’avoir autant de connaissances et de sagesse sur l’expérience autochtone en matière de soins de santé dans une pièce. Comme Candi DeSousa l’a souligné : « Parce que les infirmières et infirmiers autochtones sont une minorité en ce moment, l’espace que nous sommes en mesure d’occuper est précieux. »
Chaque conférencier(ère) a partagé des histoires sur les progrès accomplis vers la réconciliation dans les soins de santé à travers les terres ancestrales, tout en parlant de la pertinence immédiate du passé dans la vie du personnel infirmier autochtone. Chacun(e) a parlé directement aux infirmières et infirmiers dans la salle, leur rappelant de posséder leur pouvoir en tant qu’infirmières et infirmiers afin d’adopter et de mettre en œuvre des changements significatifs. Le discours de Mme Lemay aux infirmières et infirmiers a aidé à faire passer le message.
« Je vous demande de rassembler assez de courage pour penser à la prochaine fille des Premières Nations, au prochain père Inuk ou à la prochaine mère métisse qui viendra dans votre établissement », a-t-elle dit. « Je vous demande de veiller sur eux comme s’ils étaient votre propre famille. »
Les Strong Water Sisters ont partagé des chansons pour apporter « beaucoup de bons médicaments à tout le monde ici » et présenter les excuses de la FCSII aux peuples autochtones. Les performances émouvantes ont préparé le terrain pour une séance émotionnelle et ouverte, animée par l’autrice et enseignante Rose LeMay. Alors que le Conseil exécutif national prenait la parole pour s’excuser, Mme LeMay a demandé à l’auditoire : « Écoutez avec votre cœur, avec votre esprit, avec votre âme, avec votre corps. »
Les membres du conseil d’administration ont chacun lu une partie des excuses de la FCSII, soulignant la colonisation et les soins de santé, le refus d’offrir des soins, les réalités des hôpitaux indiens, les stérilisations forcées et la reconnaissance que le racisme continue de menacer la sécurité des patients autochtones.
« Nous présentons nos profondes excuses aux Premières Nations, aux Inuits et aux Métis pour notre inaction. Nous nous excusons sincèrement aux Premières Nations, aux Inuits et aux Métis pour nos actions qui vous ont causé du tort, et pour le tort causé par notre silence. Nous nous excusons pour les soins qui ont été refusés, pour la confiance qui a été brisée et pour les vies qui ont été perdues », a déclaré Erin Ariss, présidente provinciale de l’Association des infirmières et infirmiers de l’Ontario.
Les excuses se sont terminées par une ovation debout des 1 200 délégués du congrès et un moment de silence.
Comme l’a dit Linda Silas, présidente de la FCSII, ces excuses ne sont qu’une étape dans notre cheminement vers la réconciliation, et nous ne nous arrêterons pas là.
« Une excuse n’est qu’une étape. Elle doit être suivie d’actions », a déclaré Mme Silas. « La FCSII sait que nous sommes responsables de nos actions, et nous sommes déterminés à faire de notre mieux pour opérer la réconciliation. Nous reconnaissons que nous détenons le pouvoir dans le système de soins de santé, et nous sommes déterminés à défendre la sécurité et l’inclusion des peuples autochtones. »
Partout au Canada, les retards dans les soins de santé ne sont devenus que trop familiers. Les patients attendent. Le personnel infirmier attend. Les familles attendent. Derrière ces retards se cache un déséquilibre critique – un déséquilibre qui met à la fois la sécurité et la durabilité en danger.
Au congrès biennal 2025 de la FCSII, les infirmières et infirmiers se sont réunis pour explorer des solutions à ce déséquilibre. Lors de l’atelier, « Les ratios infirmières-patients : Équilibrer les soins pour de meilleurs résultats », le message était incontestable : les infirmières et infirmiers sont prêts pour un changement, et les ratios infirmières-patients sont une partie importante de la solution.
Alexandra Hamill, spécialiste des politiques et de la recherche de la FCSII, a qualifié les ratios comme « une norme mesurable et exécutoire qui améliore les résultats pour les patients et la vie du personnel infirmier ». La recherche la soutient : chaque patient supplémentaire assigné à une infirmière ou un infirmier augmente le risque de décès de 16 %.
Les participants à l’atelier ont partagé des expériences réelles de charges de travail écrasantes, de soins manqués et de détresse morale. Mais ils ont aussi partagé des histoires d’espoir. En Colombie-Britannique, les ratios infirmières-patients sont maintenant mis en œuvre dans toutes les unités hospitalières. La Nouvelle-Écosse a mis en place un modèle d’heures de soins infirmiers par patient et par jour. En Australie, plus de 7 000 infirmières et infirmiers sont retournés dans la profession après l’introduction de ratios minimums.
Les données probantes mènent à l’évidence : lorsque les charges de travail sont sécuritaires, les soins s’améliorent. Et le personnel infirmier reste.
Les ratios font plus qu’assurer la sécurité du personnel. Ils aident à retenir les infirmières et infirmiers expérimenté(e)s, à en attirer de nouveaux et à protéger les patients. Selon un récent sondage de la FCSII, les infirmières et infirmiers classent les ratios infirmières-patients comme étant le facteur le plus important pour décider de rester dans la profession.
Comme l’a dit un conférencier, « Nous ne fournissons pas du personnel à des lits. Nous fournissons du personnel aux patients. » Cette distinction est importante.
Dans son rapport du Sommet national sur les ratios infirmières-patients de 2024, la présidente de la FCSII Linda Silas, a déclaré : « Pour fonctionner, les ratios doivent être plus qu’une promesse politique. Ils doivent être inscrits dans la législation, financés de manière appropriée et soutenus par une véritable planification de la main-d’œuvre. »
Pour les infirmières et infirmiers du Canada, l’appel est urgent et le chemin est clair. C’est bien plus qu’une simple modification de politique. Il s’agit d’un plan pour reconstruire les fondements des soins. Il est temps de rééquilibrer le système.
Et les infirmières et infirmiers sont tous unis.
Cette simple phrase est devenue la pièce maîtresse d’un atelier qui a laissé une salle pleine d’infirmières et infirmiers repenser leur façon de se présenter en politique.
La session intitulée « Getting Your Message Heard in the Political World » (Faire entendre votre message dans un monde politique) a souligné que dans un paysage rempli d’opinions et de politiques, ce n’est pas toujours la voix la plus forte qui a le plus d’impact, mais celle qui a une histoire à laquelle vous pouvez vous identifier.
La séance était animée par la consultante des campagnes d’affaires publiques Kathleen Monk, et le conseiller en communications d’Infirmières et infirmiers unis de l’Alberta Dave Cournoyer, qui ont fait ressortir les couches de plaidoyer politique, révélant pourquoi les infirmières et infirmiers doivent être à la table, car, comme Mme Monk l’a rappelé au groupe, « Si vous n’êtes pas à la table, vous êtes au menu ».
La conversation a frappé au cœur de ce qui rend la défense des droits infirmiers essentielle : les infirmières et infirmiers apportent des connaissances de première ligne, une vision émotionnelle et une réalité vécue. Mais trop souvent, les décisions sont prises sans eux.
Avec un nouveau gouvernement maintenant en place et de nombreux nouveaux visages parmi les député(e)s à l’Assemblée législative et les député(e)s à la Chambre des communes, les participants ont été exhortés à saisir le moment pour établir des relations et influencer le changement.
L’atelier a exploré comment aller au-delà des statistiques et des slogans, soulignant que la politique est un sport émotionnel, et que l’émotion est le lieu où les histoires prospèrent. Bien que les statistiques en offrent la preuve, M. Cournoyer a noté que « les recherches montrent que les faits sont 20 fois plus susceptibles d’être mémorisés lorsqu’ils font partie d’une histoire ».
De l’identification du problème à l’élaboration d’un message clair, en passant par la mise en pratique des éléments d’une narration efficace, la session a montré qu’une histoire bien racontée passe à travers le bruit et permet aux décideurs de s’y identifier – pas seulement dans leur tête mais dans leur cœur.
Les participants ont eu la chance de mettre en pratique leur stratégie de plaidoyer en petits groupes, et la salle s’est animée d’une énergie au fur et à mesure que les idées ont pris vie et que des discussions enthousiastes ont suivi.
Peut-être que la plus grande leçon de la session a été celle-ci : trouvez des champions pour votre histoire et ne sous-estimez pas l’influence de votre voix. Dans le monde de la politique, une histoire bien racontée pourrait être le début d’un vrai changement.