Par Jane Coutts pour la Fédération canadienne des syndicats d’infirmières et infirmiers.
Que valent le professionnalisme, la compassion, le dévouement et le sacrifice personnel?
Si vous êtes infirmière autorisée ou infirmier autorisé en Ontario, 5 000 $. Voilà la somme promise par le gouvernement de la province aux infirmières et aux infirmiers s’ils ne quittent pas leur emploi entre le 31 mars et le 1er septembre 2022.
Cela suggère carrément que plusieurs infirmières et infirmiers risquent de quitter leur emploi avant la fin de l’été, n’est-ce pas? Il y a une raison pour cela : selon les données de Statistique Canada, le nombre de postes vacants d’infirmières autorisées et d’infirmières psychiatriques autorisées a grimpé en flèche au cours des 21 premiers mois de la pandémie de COVID-19, pour passer de 10 575 au quatrième trimestre de 2019 à 22 955 le 31 décembre 2021, soit une augmentation de 117 pour cent.
Les postes vacants d’infirmières auxiliaires autorisées ont aussi grimpé en flèche au cours de ces deux années et sont passés de 3 710 à 10 765, soit une croissance de 190 pour cent, et les postes vacants d’infirmières gestionnaires et d’infirmières surveillantes sont passés de 420 à 595. Dans l’ensemble, il y a eu une augmentation de 133 pour cent des postes vacants en soins infirmiers.
Avec de tels chiffres, on peut présumer que le problème n’est pas seulement en Ontario. En 2021, le Québec a aussi annoncé un programme pour maintenir les effectifs, mais il est allé plus loin en offrant de l’argent aux infirmières et aux infirmiers qui avaient déjà quitté ou pris leur retraite afin qu’ils reviennent. Le montant des primes dépend de la région du Québec où la personne travaille. Ainsi, le personnel infirmier en régions centrales ou à forte population ont droit à 5 000 $ au début du programme, et à un 10 000 $ supplémentaire s’il travaille à temps plein pendant 12 mois. Leurs collègues dans les régions plus éloignées reçoivent 8 000 $ immédiatement puis 10 000 $ pour l’année de travail à temps plein.
En janvier 2022, alors que le variant Omicron faisait une montée fulgurante, l’offre du Nouveau-Brunswick pour faire sortir de la retraite le personnel infirmier en soins critiques comprenait un paiement unique de 1 000 $, une prime supplémentaire de 1 000 $ pour chaque 37,5 heures travaillées, prime calculée au prorata, ainsi que les dépenses et même la couverture des frais de garderie si l’infirmière ou l’infirmier changeait de région. Cette année, le Manitoba a aussi offert des primes pour aller travailler aux soins intensifs, ainsi qu’une augmentation de 6 $ l’heure au personnel infirmier travaillant déjà aux soins intensifs.
Or, aucun de ces stratagèmes, ou autres mesures similaires ailleurs au pays, ne vont régler les problèmes dans le secteur infirmier, selon Linda Silas, présidente de la Fédération canadienne des syndicats d’infirmières et infirmiers (FCSII).
« Personne n’est contre recevoir de l’argent », souligne Silas en entrevue, « mais si c’est seulement de l’argent pour me réduire au silence, cela n’est pas une solution. Ce que le personnel infirmier demande c’est une vie professionnelle de grande qualité et du respect pour leur travail. Les infirmières et les infirmiers veulent se sentir bien à la fin de leur quart de travail, et une prime de 5 000 $ n’est pas ce qui les fera se sentir mieux ».
Certains appellent ces mesures des pots-de-vin pour maintenir en poste le personnel infirmier. Or, l’échec de ces mesures ne passera pas inaperçu aux yeux des patients, mentionne Silas.
« [Les patients] s’en rendent compte, lorsqu’ils ressentent de la détresse, lorsqu’ils font sonner une clochette et que personne ne vient. Lorsqu’ils sont, vulnérables, dans un couloir avec un mince petit rideau qui les protège du public, et que personne ne vient encore. Vous savez, ils ont une petite clochette d’école à leur côté qu’ils peuvent faire sonner, et il n’y a toujours personne qui vient. »
Le personnel infirmier ne veut pas que ce soit comme ça : cette année, le thème de la Semaine nationale des soins infirmiers (9 au 15 mai) est « Nous répondons à l’appel ». Mais c’est de plus en plus difficile pour le personnel infirmier de le faire avec l’augmentation fulgurante des postes vacants et le fait que les gouvernements, partout au Canada, refusent de voir que les solutions à court terme, comme les primes, ne règleront pas les problèmes de dotation qui bourgeonnaient depuis des années.
Comment en sommes-nous arrivés là? Selon les chercheurs en soins infirmiers, c’est seulement en partie attribuable à la pandémie de COVID-19. La pandémie n’a fait que mettre au grand jour et envenimer les problèmes qui étaient là depuis des décennies.
Une étude menée par la FCSII avant le début de la pandémie de COVID-19, Les symptômes de la maladie mentale chez les infirmières et infirmiers au Canada, a utilisé la même méthodologie qu’une étude menée en 2016 sur l’état de stress posttraumatique (ESPT) chez le personnel de la sécurité publique au Canada (y compris les agents des services frontaliers, les travailleurs correctionnels, les pompiers, les ambulanciers paramédicaux et les policiers). Élaborée par Andrea Stelnicki, Nicholas Carleton et Carol Reichert, l’étude de la FCSII démontre que les situations générant un niveau élevé de stress, et auxquelles le personnel infirmier est confronté régulièrement, peuvent être traumatisantes.
« Ces types de facteurs stressants peuvent avoir un effet cumulatif et diminuer la capacité du personnel infirmier à faire face à la situation », écrivent les auteurs. « Être exposé à des situations traumatisantes peut générer des symptômes de maladie mentale similaires à ceux de l’ESPT, notamment dépression, anxiété généralisée, trouble de panique et alcoolisme. Être exposé aux situations traumatisantes peut aussi augmenter le risque de suicide. » Les données ont été recueillies dans le cadre d’un sondage en ligne auprès de 7 358 infirmières et infirmiers autorisés.
Les trois événements traumatisants les plus fréquemment mentionnés par le personnel infirmier sont : faire l’objet d’agression physique (93 pour cent), un décès après des efforts extraordinaires pour sauver la vie du patient (89 pour cent), et la mort d’une personne qui nous rappelle un ami ou un membre de la famille (86 pour cent). Vingt-trois pour cent des participantes et des participants ont reçu un résultat positif d’ESPT, 36 pour cent de trouble dépressif majeur, 26 pour cent de trouble d’anxiété généralisée, et 20 pour cent de trouble de panique. Ces taux sont similaires à ceux du personnel de sécurité publique, et beaucoup plus élevés que ceux du public en général.
Selon l’étude, un tiers des infirmières et des infirmiers ont considéré le suicide au cours de leur vie, 17 pour cent d’entre eux l’avaient planifié, et huit pour cent avaient fait une tentative de suicide.
Avec ce niveau de traumatisme bien avant la COVID-19, plusieurs infirmières et infirmiers étaient dans une position trop précaire pour résister au tsunami de catastrophes que ce virus allait engendrer dans le monde, leur lieu de travail et même leur domicile. Dans le cadre d’une autre étude menée, fin novembre 2021, par la FCSII auprès de 4 467 infirmières et infirmiers exerçant leur profession, et pendant quatre semaines, deux tiers des infirmières et des infirmiers mentionnent avoir travaillé au moins trois de leurs cinq derniers quarts de travail en manque de personnel, et sept sur dix mentionnent que leur lieu de travail ou unité est régulièrement en situation de surcapacité. Deux tiers d’entre eux pensent que la qualité des soins s’est détériorée au cours de la dernière année, et un quart des participants n’accordent même pas la note de passage à la sécurité des patients dans leur lieu de travail.
Ces circonstances se traduisent en stress qui, clairement, a fait ses ravages : deux infirmières sur trois ayant participé au sondage mentionnent que leur santé mentale s’est envenimée au cours de la dernière année. 94 pour cent ressentent des symptômes de burn-out et, parmi elles, 45 pour cent mentionnent de graves symptômes. C’est une augmentation de 29 pour cent par rapport à peu de temps avant la pandémie.
Pour plusieurs des participants au sondage, quitter leur emploi était maintenant la seule option : plus de la moitié – 53 pour cent – considéraient quitter leur poste au cours de la prochaine année. De ce total, 27 pour cent allaient chercher un autre poste infirmier, 19 pour cent voulaient quitter la profession, et sept pour cent pensaient à prendre leur retraite.
Penser à quitter la profession était plus fréquent chez le personnel infirmier en début de carrière (59 pour cent comparativement à 56 pour cent pour ceux à la mi-carrière et seulement 20 pour cent pour ceux en fin de carrière). Les infirmières auxiliaires autorisées ayant répondu au sondage étaient plus susceptibles, à 52 pour cent, de considérer quitter leur emploi que les infirmières et infirmiers autorisés.
Les principales raisons invoquées pour vouloir quitter son lieu de travail sont :
La COVID-19 a exercé une pression particulière sur les milieux de travail du secteur de la santé, souligne Linda McGillis Hall, professeure en sciences infirmières et chercheuse à l’Université de Toronto. Les soins de santé ont toujours connu des périodes d’intensification engendrant une tension énorme pour le personnel infirmier et l’ensemble du système, mais ces augmentations subites prenaient toujours fin.
« Cette fois-ci, il n’y a pas eu de moment de répit, il y a toujours eu un nouveau variant, chacun n’étant peut-être pas plus dangereux dans le sens de plus mortel, mais plus exigeant dans le sens de son impact sur la tâche du personnel infirmier et l’environnement de travail. »
« Selon moi, le plus grand problème est que les infirmières et les infirmiers n’avaient aucun répit… ils ont perdu la capacité de prendre leurs vacances telles que planifiées, ils avaient l’habitude d’avoir à faire parfois un quart de travail supplémentaire ou partir plus tard, et maintenant c’est tout le temps. »
Maura MacPhee, professeure à l’Université de la Colombie-Britannique et chercheuse mettant l’accent sur le leadership, le travail d’équipe et la charge de travail dans le secteur infirmier, pense que les infirmières et les infirmiers quittent la profession parce qu’ils doivent se presser pour prendre soin de trop de personnes en même temps, et qu’ils sentent qu’ils ne peuvent offrir les soins et l’aide aux patients qu’ils voulaient offrir lorsqu’ils ont choisi la profession infirmière. Au fil du temps, mentionne‑t‑elle, ils deviennent émotionnellement épuisés. De leur côté, les patients aussi sont devenus anxieux et la colère monte, parfois au point de devenir violents. Le personnel infirmier incapable de gérer ce stress, ou ne voulant pas le gérer, décide de quitter.
Sheri Price, chercheuse et professeure en sciences infirmière à la Dalhousie School of Nursing, est d’accord. Elle pense que les infirmières et les infirmiers ont à choisir entre la santé et le bien-être des patients et leur propre santé et bien-être.
« Chaque infirmière que j’ai interviewée jusqu’à maintenant m’a dit avoir choisi la profession parce qu’elle voulait utiliser ses connaissances et compétences pour dispenser des soins et faire une différence dans la vie des patients », mentionne-t-elle dans une entrevue.
« Lorsque cela ne se produit pas, vous quittez le lieu de travail en vous sentant mal par rapport à la qualité des soins. Cela a vraiment de l’importance pour le personnel infirmier. Les infirmières et les infirmiers veulent offrir des soins de qualité et ne veulent pas – et c’est cela qui me préoccupe vraiment – que ce soit au détriment d’eux-mêmes. »
On a beaucoup parlé de l’importance de rendre les travailleurs de la santé plus résilients afin qu’ils puissent gérer les nombreuses situations difficiles qui se présentent au travail, mais s’attendre à ce que le personnel infirmier devienne plus endurant est la mauvaise approche, souligne Price.
« Nous parlons ici d’années de pénuries criantes de personnel, d’années de charges de travail ingérables, nous parlons d’années de demandes et d’attentes qui ont épuisé le personnel infirmier – et cela avant la pandémie – et puis, vous devez être présent au travail même si vous n’allez pas bien, vous ne prenez pas soin de vous, vous êtes forcé d’aller au travail, et cela mène au point de rupture. »
Comme plusieurs personnes, les infirmières et les infirmiers ont souvent de la difficulté à trouver du soutien en matière de santé mentale. Leur épuisement – et leur dépression et anxiété – peut être envenimé par la culpabilité d’être celui ou celle qui n’a pas pu continuer à travailler. La stigmatisation rattachée à la maladie mentale est un problème dans le secteur de la santé autant que dans toute autre partie de la société, ajoute Price. « Les infirmières et les infirmiers nous disent que s’ils avaient une blessure physique et étaient en congé de maladie, leurs collègues prendraient de leurs nouvelles », précise-t-elle. « Mais, lorsqu’ils sont en congé de maladie en raison de maladie mentale… personne ne leur demande comment ils vont. »
Certes, ces scénarios ne s’appliquent pas seulement au personnel infirmier. Les infirmières et les infirmiers qui sont stressés, surchargés de travail et épuisés ne peuvent pas dispenser les meilleurs soins aux patients. Maura MacPhee, de l’Université de la Colombie-Britannique, décrit une liste, élaborée par Jane Ball, chercheuse britannique en soins infirmiers, et qui était utilisée pour déterminer quels soins essentiels avaient été délaissés en raison de lourdes charges de travail.
Selon l’étude de Ball, lorsque le personnel infirmier est surchargé, il délaisse régulièrement des tâches essentielles. Cela entraîne une détresse psychologique et morale. « Les infirmières et les infirmiers retournent à la maison, bouleversés, parce qu’ils n’ont pas dispensé les soins adéquats à leurs patients », mentionne MacPhee. « La principale tâche délaissée est réconforter et offrir des soins thérapeutiques. Une autre tâche essentielle délaissée est la surveillance, soit le fait de vérifier régulièrement l’état physique et psychologique des patients. Lorsque les infirmières et les infirmiers doivent se presser, ils ne remarquent pas très souvent les changements lents et subtils chez leurs patients. Par conséquent, l’état des patients peut se détériorer, et le patient peut mourir sans une surveillance adéquate de la part de l’infirmière. »
Lorsque ces soins délaissés s’accumulent de façon chronique, le personnel infirmier ne peut plus le supporter et il quitte, souligne MacPhee. Cela veut dire que les autres infirmières et infirmiers se retrouvent avec des charges de travail plus lourdes, et davantage de patients sont à risque.
Ces risques, et les conséquences de soins infirmiers inadéquats, sont bien documentés. Selon un document de la FCSII, Dotation en personnel infirmier : plus pour moins, dans le secteur des soins actifs, des niveaux inférieurs de dotation en personnel infirmier (et une plus grande proportion de fournisseurs de soins moins qualifiés) entraînent une augmentation du taux de mortalité, un plus grand nombre de chutes et d’infections, et des séjours plus longs à l’hôpital. Les chiffres sont remarquables : une étude américaine auprès de 18 millions de patients ayant reçu leur congé de l’hôpital révèle que les hôpitaux ayant accru le nombre d’infirmières autorisées et d’infirmières auxiliaires autorisées au sein des unités avaient moins d’incidents causant préjudice aux patients, des séjours moins longs à l’hôpital, et cela n’a pas fait augmenter les coûts.
Par conséquent, augmenter les soins infirmiers est bon pour la santé mentale et psychologique du personnel infirmier, et pour le confort et la santé des patients. Cela réduit le sentiment de détresse dans les deux groupes.
Comment en sommes-nous arrivés là?
Price dit qu’il est temps d’arrêter de chercher la solution parfaite et d’en combiner plusieurs pour régler un problème à multiples facettes.
« Il n’y aura pas un diachylon unique. Nous allons devoir tenir compte de la dotation, de la charge de travail, des ratios [infirmière-patients], nous allons devoir examiner l’environnement de travail, la façon de travailler ensemble pour s’offrir mutuellement du soutien, nous allons devoir tenir compte des soutiens à la santé mentale et s’assurer qu’ils sont en place. »
Mélanie Lavoie-Tremblay, professeure agrégée en sciences infirmières à l’Université de Montréal, cherche des façons d’empêcher le personnel infirmier de quitter la profession. Elle aussi voit un éventail de mesures, grosses et petites, qui pourraient aider à mettre fin à la pénurie de personnel infirmier. Il faut offrir du soutien à la santé mentale du personnel infirmier, et cela pourrait commencer en s’assurant simplement que le personnel infirmier ait l’occasion de parler de ce qu’il a vécu après une journée difficile.
De plus, chaque infirmière et infirmier devrait avoir davantage d’occasions d’exercer un leadership au travail. Cela pourrait commencer en leur laissant organiser leur travail pendant un quart de travail. Par la suite, ils pourraient apporter leurs connaissances et expérience à la table lorsque des décisions qui affectent les soins de santé sont prises. « Le personnel infirmier est celui qui sait le mieux ce qu’il doit faire », mentionne-t-elle dans un entretien. « Les solutions que nous avons ne sont pas nouvelles », ajoute-t-elle. « Elles sont là depuis 20 ans. Nous demandons des choses de base, oui, des choses de base. »
Selon McGillis Hall, cela devrait commencer par la planification afin d’éviter un autre désastre comme celui causé par la COVID au sein du système de soins de santé. Elle et plusieurs collègues (dont Sheri Price) ont reçu une subvention des Instituts de recherche en santé du Canada pour mener une étude nationale sur les façons de maintenir en poste le personnel infirmier et réduire le burn-out. L’étude tiendra compte des facteurs psychosociaux à la source d’autant de cas de burn-out chez le personnel infirmier. Leur approche sera de demander directement au personnel infirmier ce qui pourrait aider.
« Nous allons demander au personnel infirmier : que devons-nous faire pour vous garder? », précise McGillis. « Qu’est-ce qui se passe dans votre milieu de travail au moment où nous sortons de la COVID, que devons-nous faire différemment, et qu’est-ce que ça va prendre pour vous convaincre de rester dans la profession? Qu’est-ce qui est nécessaire pour vous et pour les prochaines vagues de diplômés en sciences infirmières? Il est grand temps de laisser parler et d’écouter les infirmières et les infirmiers. »
Améliorer les équipes de soins pour que les infirmières et les infirmiers ne sentent pas qu’ils doivent tout faire eux-mêmes a été un thème commun lors des entrevues. « Travailler ensemble et reconnaître les opportunités de s’offrir mutuellement du soutien est d’importance capitale », souligne Price.
Selon MacPhee, il faut déployer davantage d’efforts par rapport à la formation de différents types de professionnels de la santé afin qu’ils puissent travailler en équipe, et en commençant tôt dans le cadre de l’éducation interprofessionnelle de premier cycle. « Cela serait un atout pour toute les disciplines – d’apprendre qui fait quoi, et comment une équipe peut offrir le meilleur soutien à ses membres, aux patients et aux familles.
Selon Price, il y a une abondance de données disponibles pour surmonter la crise dans le secteur infirmier du Canada. La pénurie de personnel infirmier, qui a atteint progressivement un niveau de crise (même sans la pandémie), était prévue depuis plus de 20 ans, et elle a été fidèlement suivie et a fait l’objet d’études pendant toutes ces années. Selon elle, ce dont nous avons besoin en ce moment c’est de convaincre les décideurs du secteur de la santé, et les gouvernements, d’agir et de tenir compte de ces données de la recherche.
Silas pense que les gouvernements sont au cœur du problème car ils sont pleinement conscients de la nécessité d’augmenter le nombre d’infirmières et de faire des changements profonds pour tous les travailleurs de la santé, mais ils choisissent de ne rien faire. Ils savent qu’il y a des données démontrant comment l’éducation en santé devrait être réimaginée afin que le travail d’équipe soit établi dès le début comme facteur clé pour dispenser des soins de grande qualité. Ils savent que le travail doit être structuré de façon telle que chaque personne puisse utiliser ses connaissances et son expertise le plus efficacement possible; c’est inexcusable qu’ils ne voient pas jusqu’à quel point il est impératif d’offrir, de façon concrète, du soutien au personnel infirmier au travail, ainsi que des programmes de santé mentale pour les maintenir en santé lorsqu’ils ne sont pas au travail.
« Nous n’allons jamais régler cette crise des ressources humaines s’ils n’admettent pas d’abord qu’il y a un problème », souligne Silas. « Les gouvernements ont été informés maintes et maintes fois, ils ont pris connaissance des études, et on leur a demandé un financement pour mettre en œuvre les pratiques exemplaires. La Semaine nationale des soins infirmiers est toujours au sujet du travail extraordinaire accompli par les infirmières et les infirmiers; cette année, mettons l’accent sur une vision du travail extraordinaire qu’ils pourraient faire. »
Nous devons peindre un tableau de l’avenir parce que si nous peignons un tableau du présent, il sera plutôt triste et morne », conclut Silas.