Par Linda Silas, présidente de la FCSII
Me voilà tout juste de retour de ma toute première conférence sur le changement climatique. Et c’en était toute une! Je faisais partie de la délégation des syndicats canadiens. J’étais l’une des 25 délégués choisis par le Congrès du travail du Canada (CTC) pour assister à la plus importante réunion au monde sur les actions climatiques, soit la COP25 à Madrid en Espagne.
Malheureusement, cette COP est considérée par plusieurs comme un échec. Je ne comprends pas comment on a pu rater cette occasion historique car les données de la science sont claires : nous sommes devant une urgence climatique. Nous devons agir rapidement – dans les prochaines années pour sûr – et l’année 2030 est la date limite mondiale pour atteindre des cibles ambitieuses mais nécessaires.
L’Honorable Jonathan Wilkinson, ministre de l’Environnement et du Changement climatique du Canada, a pris le temps de me rencontrer ainsi que d’autres membres de la délégation des syndicats canadiens. Pendant nos discussions, nous sommes tombés d’accord sur la nécessité d’assurer une transition équitable afin d’atteindre zéro émission nette de gaz à effet de serre d’ici 2050.
Certes, les opposants diront que nous ne pouvons pas repenser notre économie pour dissiper la menace du changement climatique, mais ils oublient qu’il n’y a pas d’emploi sur une planète morte. Les engagements vers une transition équitable sonnent faux s’ils ne sont pas accompagnés de mesures urgentes mises en place par notre gouvernement. Zéro émission nette d’ici 2050 est un magnifique engagement mais il ne faut pas perdre de vue les cibles importantes à court terme s’insérant dans cet objectif si lointain. Nous avons encore une marge de manœuvre pour prévenir les changements climatiques catastrophiques mais elle rétrécit rapidement.
L’argumentaire économique pour une transition équitable urgente est très convaincant, non seulement pour les familles et les collectivités inquiètent de leur avenir, mais aussi pour les gouvernements qui doivent mettre en œuvre, à grande échelle, les changements requis pour transformer rapidement notre société. Grâce à des milliers de nouveaux emplois syndiqués au sein d’une économie verte, nous pouvons assurer une transition équitable pour les travailleurs, et nous pouvons nous assurer d’avoir une place à la table de prise de décisions et, ainsi, contribuer à gérer le changement d’une façon socialement responsable. C’était mon message lors d’un forum auquel j’ai eu l’honneur de participer et d’offrir la perspective du mouvement syndical.
Les répercussions sur la santé des changements climatiques sont souvent ignorées et, malheureusement, ce fut le cas lors de la COP25. Avec l’augmentation des températures mondiales, les feux de forêt diffusent des polluants dans l’air, et il y a davantage de régions inondées. Nous pouvons continuer à anticiper des impacts négatifs sur la santé humaine. Laisser libre cours aux changements climatiques signifiera des taux plus élevés de coups de chaleur, de détresse cardiorespiratoire, et de maladies à transmission vectorielle, par exemple la maladie de Lyme et le virus du Nil occidental. De plus, étant donné le fait que des populations seront déplacées en raison des feux de forêt, des sécheresses et des inondations, nous pouvons aussi nous attendre à une recrudescence des maladies mentales, dont l’ESPT.
The Lancet (revue médicale hebdomadaire dont les articles sont soumis à une révision par les pairs) parle du changement climatique en termes de plus grande menace à la santé du 21e siècle. En qualité d’infirmières et d’infirmiers, nous devons aussi considérer cet enjeu comme une menace mondiale à la santé. Nous devrions être en train d’éduquer le public par rapport aux nombreux risques à la santé engendrés par le changement climatique, et nous devrions demander aux gouvernements d’investir dans le personnel et les infrastructures nécessaires pour relever ce nouveau défi en matière de santé publique. Nos systèmes de soins de santé, déjà à court d’argent, ne sont tout simplement pas à la hauteur de la tâche.
En fin de compte : nous devons agir immédiatement et agressivement pour atteindre les cibles à court et à long terme en matière d’émissions, et nous devons y arriver grâce à une transition équitable qui tiendra compte de tous les travailleurs. Au pays et à l’étranger, nous devons rapidement utiliser la lentille de la santé pour s’assurer de ne pas oublier les répercussions du monde réel des changements climatiques. J’espère que ce sera le cas lors de la prochaine COP en 2020.