Silas : Pour assurer la sécurité des patients, nous avons besoin de meilleures façons de maintenir en poste le personnel infirmier.
19 octobre 2023 (Ottawa, ON) – En plein cœur de pandémies chroniques de personnel, les unités dans les hôpitaux de partout au Canada affichent, pour une troisième année consécutive, une augmentation du taux de préjudices non intentionnels subis par les patients, selon l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS). Au même moment, le personnel infirmier et les professionnels de la santé au sein de ces unités ont accumulé 14 millions d’heures supplémentaires en 2021-2022, soit une augmentation de 50 % comparativement à l’année précédente.
« Depuis des années, les infirmières et les infirmiers sonnent l’alarme par rapport à la sécurité des patients et aux conditions de travail dangereuses », souligne Linda Silas, présidente de la Fédération canadienne des syndicats d’infirmières et infirmiers (FCSII). « Le personnel infirmier porte le fardeau d’un système de soins de santé en situation de surcapacité, et au sein duquel les heures supplémentaires sont devenues la solution de fortune aux pénuries systémiques de personnel. En l’absence de personnel pour remplacer les infirmières à la fin de leurs quarts de travail, ces dernières doivent faire des heures de plus en plus longues. C’est dangereux pour le personnel infirmier, et c’est carrément dangereux pour les patients. »
Silas précise qu’une très grande majorité d’infirmières et d’infirmiers mentionnent les charges de travail élevées et les niveaux insuffisants de dotation comme principales raisons les incitant à quitter leur emploi ou même la profession. Plus de 75 % des infirmières mentionnent que leur milieu de travail est régulièrement en situation de surcapacité, ce qui illustre bien que le problème soit généralisé.
En raison de ces défis par rapport à la dotation, le recours aux agences privées et coûteuses d’infirmières, pour répondre aux besoins en dotation, a explosé. On observe une augmentation de 80 % des heures faites par les infirmières venant d’agences, jusqu’à 1,5 millions d’heures en 2021-2022. En 2022, le nombre d’infirmières et d’infirmiers autorisés indépendants ou travaillant pour une agence privée a augmenté de 867.
« Si nous voulons protéger la sécurité des patients, nous devons trouver des façons de mieux garder notre personnel infirmier au sein du système public, ce qui signifie faire en sorte que les charges de travail des infirmières de première ligne soient gérables, et favoriser un meilleur équilibre travail-vie personnelle », ajoute Silas. « Les systèmes de soins de santé qui ont des ratios en place, comme en Californie, observent de meilleurs résultats chez les patients et une meilleure satisfaction au travail. La C.-B. et la Nouvelle-Écosse se sont engagées à mettre en place des ratios sécuritaires infirmière-patients, et il est temps que chaque province et chaque territoire suivent leur exemple. »
Outre les ratios infirmière-patients, une législation établissant des limites afin d’éviter un nombre excessif d’heures de travail est l’une des principales recommandations de la FCSII dans le cadre de la stratégie pancanadienne de maintien en poste, et afin de régler la pénurie de personnel infirmier et compléter la remise en état de nos systèmes affaiblis de soins de santé.
« Il y a des règles pour les camionneurs par rapport au nombre d’heures sur la route, et pour les pilotes par rapport au nombre d’heures en vol, mais le personnel infirmier n’a pas de telles protections », précise Silas. « Bien que je respecte les autres professions, les infirmières et les infirmiers ne sont-Ils pas responsables de la marchandise la plus précieuse de toutes? Les patients ne sont pas moins importants que les passagers d’un avion. Il est primordial de s’attaquer aux conditions de travail dans le secteur de la santé, et de créer des environnements où le personnel infirmier et les patients peuvent progresser. »
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La FCSII est la plus grande organisation infirmière au Canada. Elle représente 250 000 infirmières et infirmiers syndiqués de première ligne de tous les secteurs de soins – soins à domicile, SLD, soins communautaires et actifs – ainsi que les étudiantes et étudiants en sciences infirmières. Elle se porte à la défense d’enjeux prioritaires afin de consolider les soins de santé publics partout au pays.
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