Cet article d’opinion a été publié initialement dans iPolitics le 15 octobre 2025.
La violence contre les travailleurs de la santé est une crise qui ne peut pas continuer sans contrôle
Par Linda Silas, présidente de la FCSII
Attaques au couteau, agressions, armes et drogues. Aucun de ces éléments ne devrait avoir sa place dans les établissements de soins de santé, mais la violence contre le personnel infirmier et les professionnels de la santé est malheureusement devenue un phénomène courant partout au pays.
La violence est devenue une menace constante pour le personnel infirmier et les professionnels de la santé lorsqu’ils sont au travail. C’est inacceptable et ne serait pas toléré dans d’autres milieux de travail.
Les impacts sont doubles, à la fois physiques et psychologiques. Les infirmières et infirmiers souffrent de TSPT, de dépression et d’anxiété à des taux plus élevés que la population générale. Pas étonnant quand on sait que la violence au travail est associée à une augmentation des symptômes de troubles mentaux.
La violence est sous-déclarée, ce qui rend difficile le suivi de la violence contre les travailleurs de la santé, mais les demandes d’indemnisation acceptées liées à la violence de la part des travailleurs indiquent que les taux de violence augmentent.
Par exemple, en Ontario, les demandes d’indemnisation acceptées de la part des travailleurs pour des incidents liés à la violence ont presque triplé depuis 2012 pour toutes les professions infirmières. Au Manitoba, il y a eu 812 demandes d’indemnisation acceptées de la part des travailleurs en 2024 pour des infirmières et infirmiers victimes de voies de fait et d’actes violents, comparativement à 298 en 2015. En Colombie-Britannique, il y a eu 507 demandes d’indemnisation acceptées de la part des travailleurs pour des incidents liés à la violence en 2024, comparativement à 344 en 2016.
Malgré l’omniprésence de la violence, la reddition des comptes est rare.
Une analyse juridique de cas de violence en milieu de travail contre le personnel infirmier, publiée en novembre 2024, a révélé que peu de cas se retrouvent devant les tribunaux au Canada. L’analyse a révélé qu’il y avait seulement 12 décisions de détermination de peine en anglais entre 2006 et 2021 dans lesquelles un(e) infirmier(ère) avait été victime de violence. Seulement cinq cas ont été trouvés en vertu des lois sur le lieu de travail où un employeur a été accusé.
Il va sans dire que le personnel infirmier et les professionnels de la santé ont besoin de milieux de travail sécuritaires pour prodiguer des soins aux patients.
En matière de violence, la prévention est essentielle. Cela signifie investir dans des programmes de formation et de prévention pour les travailleurs et le personnel de sécurité interne désigné, imposer des ratios minimums infirmières-patients pour réduire les risques de violence exacerbés par les charges de travail excessives, et appliquer le Code criminel et les lois sur la santé et la sécurité au travail pour punir et dissuader la violence.
Lorsque de la violence se produit, les gouvernements provinciaux et territoriaux pourraient mandater les employeurs du secteur de la santé pour soutenir les infirmières, les infirmiers et les travailleurs de la santé, même si cela implique la participation de la police.
Nous avons les solutions, mais nous avons besoin de la volonté politique. La FCSII appelle les ministres de la Santé du Canada à utiliser tous les outils à leur disposition pour éradiquer la violence contre les travailleurs de la santé. Il s’agit d’un enjeu systémique qui nécessite une approche coordonnée et multiforme, mais ensemble, nous pouvons mettre fin efficacement à la violence dans les milieux de travail de la santé.
Nous ne pouvons pas nous contenter du statu quo. La violence ne fait pas et ne devrait jamais être acceptée comme faisant partie du travail.