En ce jour de la fête du Travail, je pense aux forces motrices qui ont poussé les travailleurs à former un solide mouvement syndical. Lors de la révolution industrielle, les travailleurs se sont unis pour demander des conditions de travail plus saines et sécuritaires. Dans les mines et les usines, ils ont lutté pour le droit de revenir à la maison sains et saufs à la fin de leur journée de travail. Ils ont demandé de mettre fin à l’exploitation, mettre fin aux heures de travail intenables. « Huit heures de travail, huit heures de loisirs, huit heures de repos » devient le cri de ralliement du mouvement. Plus tard, les femmes au sein du mouvement syndical, y compris les infirmières, ont lutté contre le sexisme omniprésent dans leurs lieux de travail et limitant souvent leur carrière. Le principe d’équité – salaire égal pour un travail égal, lieux de travail sans discrimination – deviendra le principe fondamental de notre mouvement.
En bref : tous les travailleurs et travailleuses méritent la sécurité, la dignité et le respect.
La pandémie de COVID-19 a de nouveau jeté les projecteurs sur ces valeurs. Avec un virus en suspension dans l’air, les milieux de travail sont devenus à leur insu les hôtes d’un danger invisible. Entre-temps, les travailleurs ont dû lutter pour obtenir les protections de base et des congés de maladie rémunérés. Comme nous le savons tous, même pour ceux et celles qui ont triomphé du virus, la possibilité existe de symptômes débilitants et à long terme.
Depuis près de deux ans maintenant, les syndicats ont lutté pour protéger leurs membres, la classe ouvrière élargie et le public de ce danger sans précédent pour la santé.
Dans la même veine, au tout début de la pandémie, la FCSII a demandé des protections contre la transmission par voie aérienne afin de protéger adéquatement les travailleurs de la santé de ce virus dont on savait peu de chose. Le principe de précaution – concept de sens commun selon lequel il vaut mieux prévenir que guérir – était au centre de nos efforts pour assurer la sécurité du personnel infirmier.
Aujourd’hui encore, nous continuons aussi lutter pour la présomption en vertu de la loi et selon laquelle une exposition dans le milieu de travail est la source la plus probable d’une infection chez le personnel infirmier. Cela est particulièrement important pour le personnel infirmier aux prises avec des symptômes à long terme.
Or, des conditions de travail malsaines ne se limitent pas à la COVID-19 et autres risques matériels. Des années de négligence de la part du gouvernement ont mené à une pénurie sérieuse de personnel infirmier. Déjà en manque de personnel, les infirmières et les infirmiers ont dû lutter contre la COVID-19 en faisant un nombre intenable et malsain d’heures de travail. Le burn-out est maintenant une épidémie au sein de notre profession. Les heures supplémentaires obligatoires et les quarts de travail consécutifs ont non seulement des effets dévastateurs sur le personnel infirmier mais représentent un risque pour les patients.
En Ontario, les camionneurs doivent compter 10 heures de repos pour chaque période de 24 heures parce qu’on reconnaît les risques inhérents posés par des conducteurs en manque de sommeil. Transports Canada limite à 13 heures la période de service en vol des agents de bord parce qu’on comprend qu’il est nécessaire que ces personnes soient reposées et alertes afin de pouvoir agir promptement en cas d’urgence.
Pourquoi les quarts de travail de 16 heures – parfois 24 heures – sont-ils encore acceptables au sein de notre profession? Cela doit prendre fin.
Plus que jamais auparavant, la pénurie de personnel infirmier requiert l’attention et l’intervention du gouvernement. Les gouvernements doivent s’attaquer aux conditions de travail intenables dans le secteur de la santé aujourd’hui, et aux impacts psychologiques sur les travailleurs de la santé qui ont dû porter ce fardeau pendant trop longtemps.
Le système de soins de santé du Canada a besoin d’actions concrètes et d’attention; entre-temps, les travailleurs de la santé ont besoin de repos et de soutien véritable. Au lieu de nous accabler de platitudes, les gouvernements devraient mettre l’accent sur des façons concrètes de créer des milieux de travail sains et sécuritaires, et traiter les travailleurs de la santé avec dignité et avec le respect qu’ils méritent.
Les infirmières et les infirmiers ne veulent pas être des héros; ils ne sont pas surhumains. Ces professionnels qualifiés veulent simplement avoir les moyens de dispenser les meilleurs soins possibles. Et, comme tous les travailleurs, ils veulent aussi revenir à la maison sains et saufs à la fin de leur journée de travail.
Joignez-vous à nous le 17 septembre et démontrez votre solidarité envers le personnel infirmier qui revendique des conditions de travail plus saines et sécuritaires. Pour en savoir davantage ou trouver une activité près de chez-vous, visitez : www.premiereligneensemble.ca