Le mardi du congrès, Linda Silas, présidente de la FCSII, est entrée en scène et a livré un message clair aux infirmières et aux infirmiers : nous ne pouvons pas reculer et nous n’allons pas reculer. L’allocution a été prononcée dans l’ombre d’une pandémie mondiale qui continue de dominer la vie au travail du personnel infirmier et qui, malheureusement, a coûté la vie à trop d’entre nous.
« Ça été une période difficile », avoue Silas. « Et je n’exagère pas. Notre système de soins de santé était déjà poussé à la limite. Nos charges de travail étaient déjà insoutenables. Notre santé mentale était déjà mise à l’épreuve. »
« Le système n’en pouvait plus. »
Silas a souligné les nombreuses répercussions dévastatrices de la pandémie, y compris au sein du secteur des soins de longue durée où trop de personnes âgées sont décédées en raison d’un système qui privilégie trop souvent les profits aux dépens des soins. Elle a aussi parlé des impacts sur notre économie, et des innombrables personnes qui ont perdu leur emploi. Sans régime national et universel d’assurance-médicaments sur lequel s’appuyer, plusieurs des personnes sans emploi au Canada ont perdu l’assurance-médicaments offerte par leur employeur. La pandémie a aussi exacerbé les inégalités existant déjà dans notre société et, ainsi, les personnes noires, autochtones et de couleur ont été disproportionnellement affectées par le virus.
« La COVID-19 a mis à nu les failles dans notre système de soins de santé – les failles dans notre société », souligne Silas.
Pendant que le personnel infirmier s’éreintait à lutter contre plusieurs vagues de COVID-19, les gouvernements n’ont pas cessé leurs attaques dirigées contre le secteur de la santé et ses travailleurs. La pandémie a certainement confirmé l’importance d’avoir un solide système de soins de santé mais certains gouvernements provinciaux essaient encore de faire des réductions, et cela force de nouveau le personnel infirmier à faire davantage avec moins. Pendant ce temps, en Ontario, Doug Ford ne démord pas et veut toujours limiter les augmentations salariales pour le personnel infirmier à un total de… un pour cent pour trois ans.
« Est-ce que [l’énorme travail des infirmières et des infirmiers pendant la pandémie] nous a mérité un témoignage quelconque de bonne volonté? », demande Silas. « Absolument rien. Pendant que [les premiers ministres] nous applaudissaient devant les caméras, ils continuaient de nous taper dessus derrière la scène. »
Silas a aussi manifesté sa colère par rapport au refus de protéger adéquatement le personnel infirmier, physiquement et psychologiquement, pendant cette pandémie. Le plus flagrant, souligne Silas, était lorsqu’on a forcé le personnel infirmier à réutiliser les EPI, et les pénuries criantes de personnel qui en ont forcé d’autres à faire des quarts de travail de 24 heures.
« Je ne veux plus jamais entendre parler d’une autre infirmière qui doit porter un N95 pendant 12 heures puis qui doit le mettre dans un sac en papier avant de l’apporter à la maison », mentionne Silas.
Ces manques et ces attaques de la part des gouvernements sont exaspérants, mais Silas maintient que les infirmières et les infirmiers doivent canaliser leur colère et la transformer en action.
« Nous ne pouvons pas laisser notre colère – notre frustration – notre exaspération – nous paralyser. »
Bien sûr, les infirmières et les infirmiers ne peuvent pas, en ce moment, organiser un arrêt de travail, mais ils peuvent prendre la parole. Silas leur a rappelé leur influence; le public est avide d’entendre l’opinion du personnel infirmier qu’il tient en haute estime. Les infirmières et les infirmiers ont non seulement besoin de parler aux leaders élus mais aussi aux amis et aux membres de la famille – toute personne qui peut voter – au sujet de la nécessité de renforcer et protéger le système public de soins de santé au Canada. Et le personnel infirmier doit voter. Si les politiciens ne sont pas solidaires des infirmières et des infirmiers, il faut voter contre eux, affirme Silas.
La COVID-19 n’a pas seulement exposé les failles dans notre société, elle les a élargies. Pendant que nous sommes en train de forger une nouvelle normalité, la voix du personnel infirmier doit être au cœur de la conversation pour bâtir un Canada plus sain et plus équitable.
« Nous devons canaliser notre colère et la transformer en action », souligne Silas. « Nous devons nous faire entendre. »
« Nous ne pouvons pas reculer; nous n’allons pas reculer et rien ne va nous arrêter. C’est une promesse. »