Selon Zayna Khayat, Ph.D., futuriste et conférencière principale lors de la session plénière de mercredi matin, « personne ne perd un emploi en médecine… surtout le personnel infirmier » à cause de l’intelligence artificielle.
« Nous ne pouvons pas faire face à cet avenir sans les infirmières et infirmiers », a déclaré Khayat. Zayna Khayat est une futuriste en santé appliquée chez Deloitte, une société de conseil, de comptabilité et de services juridiques.
« Nous sommes le secteur le plus exigeant en matière de main-d’œuvre au monde », a-t-elle expliqué. « Ils ne formeront jamais assez de personnel infirmier, assez de médecins… pour répondre aux besoins complexes de leurs populations. »
Le résultat inévitable, a-t-elle prédit, est que l’intelligence artificielle apportera de grands changements dans la pratique de la médecine, y compris le travail du personnel infirmier. Mais elle dit que la façon dont nous pensons à l’intelligence artificielle doit passer de l’IA – « l’intelligence artificielle » à l’IA – « l’intelligence augmentée ».
L’intelligence artificielle « … ne remplace pas le travail que font les humains, elle améliore le travail que nous faisons, parce que les machines sont très rapides, elles sont extrêmement précises, mais elles sont vraiment stupides, n’est-ce pas? Et nous, les humains, nous sommes le contraire. Nous sommes lents, nous ne sommes pas précis, mais nous sommes intelligents! », a-t-elle dit.
L’intelligence artificielle peut nous permettre d’améliorer notre intelligence avec la précision et l’efficacité infatigables de l’ère numérique, a-t-elle expliqué, arguant que c’est ce qui motive le passage à l’intelligence artificielle.
Un facteur déterminant, a mentionné Khayat, c’est que la demande en personnel infirmier dépasse largement l’offre. Et l’intelligence artificielle peut aider à compenser la pénurie de professionnels de la santé.
Cependant, ce paradigme optimiste n’est pas sans risques, a averti Khayat. Par exemple, elle a demandé, qui peut décider comment résoudre les dilemmes moraux dans les soins de santé?
« La dernière chose que nous voulons, c’est que les fabricants de toute cette intelligence artificielle définissent ces algorithmes », a-t-elle déclaré. « Nous l’avons laissé s’éloigner de nous avec les médias sociaux. Nous ne pouvons pas laisser cela se produire avec l’intelligence artificielle. »
L’intelligence artificielle évolue rapidement dans le domaine de la santé. Mais comme l’a dit une conférencière avec un sourire, quand il s’agit de garder les soins compatissants et éthiques, « il y a une infirmière pour ça ».
Le groupe d’experts sur « AI Health: Today & Tomorrow » (La santé par l’IA : Aujourd’hui et demain) a apporté un regard réfléchi et équilibré sur la façon dont l’IA façonne déjà les soins aux patients et pourquoi le personnel infirmier doit être au centre de tout cela.
Le Dr Muhammad Mamdani a débuté en présentant de vraies histoires à succès. L’outil CHARTWatch de son équipe surveille les patients en temps réel, aidant ainsi à prévenir de graves déclins. Dans un hôpital, il a réduit les décès inattendus de plus d’un quart. Les scribes de l’IA font économiser des heures au personnel infirmier et aux médecins chaque semaine, allégeant ainsi le fardeau de la paperasse.
« Ces outils fonctionnent, mais seulement si nous les mettons en œuvre de manière responsable », a-t-il averti.
Alors que le Dr Mamdani a présenté les promesses de l’IA, d’autres conférenciers ont offert un important retour à la réalité, en particulier lorsqu’il s’agit de la façon dont l’IA est déployée sur le terrain.
Chris Nielsen, de National Nurses United aux États-Unis, n’a pas ménagé ses mots. L’IA est puissante, oui. Mais elle est également motivée par les intérêts des entreprises pour réduire les coûts.
« Nous voyons qu’elle servait à remplacer le personnel infirmier, à réduire l’apport humain », a-t-il dit. « Mais les infirmières et infirmiers ne se contentent pas de seulement suivre les ordres. Ils pensent, ils ressentent, ils défendent. L’intelligence humaine est nécessaire pour faire fonctionner l’intelligence artificielle. »
Son message était clair : les infirmières et infirmiers doivent être directement impliqués dans la façon dont l’IA est développée et utilisée. Ils ont besoin de l’autorité nécessaire pour outrepasser les décisions qui ne font pas de sens au plan clinique.
« L’IA ne peut pas prendre ta place », a-t-il dit. « Mais elle pourrait essayer, à moins que nous ne fixions les règles. »
Cet appel à la surveillance humaine s’est poursuivi avec Tracie Risling, inf., qui a suscité de l’empathie et de l’humour dans la discussion.
« L’IA est au stade de “débutant avancé” », a-t-elle plaisanté. « Elle a besoin de mentorat. Et il y a une infirmière pour ça. »
La foule a bien reçu son message : « Nous ne devons pas mettre de côté le cœur dans cette science. Et vous êtes l’infirmière pour ça. »
L’IA ne disparaîtra pas. À mesure qu’elle fera partie intégrante de la pratique quotidienne, les infirmières et les infirmiers devront prendre les devants. Et pas seulement en utilisant ces outils – mais aussi en les façonnant. C’est à nous de veiller à ce que ces outils reflètent les valeurs que les infirmières et infirmiers apportent aux soins de santé – des valeurs essentielles comme la compassion, l’éthique et le lien humain. Rien ne peut remplacer ça. Et quand les soins ont besoin d’une conscience, il y a une infirmière pour ça.
Au cours d’un atelier qui combinait le mouvement conscient avec la navigation pratique dans les conflits, les infirmières et infirmiers ont découvert une nouvelle façon d’aborder les différends – en partant de l’intérieur.
Dirigé par Barb Campbell et Lee Coughlan d’Infirmières et infirmiers unis de l’Alberta, Yoga et résolution des conflits était moins une question d’étirements et plus une question de s’enfoncer dans l’inconfort. Grâce à un yoga doux sur chaise et à une autoréflexion guidée, les participants ont exploré comment la respiration, la posture et l’immobilité peuvent influencer comment nous nous présentons dans les conversations à enjeux élevés, les négociations syndicales et les moments d’intensité émotionnelle.
« Nous réglons notre corps pour relaxer l’ambiance de la pièce », a partagé une animatrice, invitant les infirmières et infirmiers à réfléchir à la façon dont la régulation interne précède la résolution externe.
Cette session a été très interactive, invitant à un dialogue ouvert et à la pratique individuelle. Les participants ont été encouragés à « cesser d’être si durs envers eux-mêmes » et à remarquer combien de fois l’esprit essaie de supplanter la sagesse du corps.
En tant qu’infirmières et infirmiers, nous rencontrons des conflits sous d’innombrables formes – au sein de l’unité, dans les négociations et dans notre vie personnelle. Avec autant d’intersections et de demandes énergivores, un processus attentif nous permet de faire une pause, de nous reconnecter avec la conscience et d’avancer avec clarté.
Les participants ont examiné la science derrière la façon dont le yoga « prépare et répare » ceux et celles qui se chargent régulièrement de la gestion des conflits. Ils ont réfléchi à la distinction entre la gestion et la résolution des conflits, et à la façon dont le compromis, bien que parfois nécessaire, n’est pas toujours l’objectif final.
Il y avait un fort accent sur le lien entre l’esprit et le corps, soit sur la façon dont la pleine conscience et le mouvement peuvent offrir un répit bien nécessaire face aux hautes fréquences d’une vie occupée.
Ce qui a rendu l’atelier particulièrement puissant, c’est son application concrète aux relations de travail. Le personnel infirmier a discuté de la façon dont la conscience attentive peut désamorcer les échanges chargés émotionnellement, créer un espace pour la résolution créative de problèmes et empêcher la prise de décision réactive. « Nous ne pouvons pas contrôler les vagues », a noté Mme Campbell, « mais nous pouvons apprendre à rester stables dans la tempête. »
Dans un métier où la tension est constante et où le plaidoyer est essentiel, cet atelier nous a rappelé : la paix n’est pas passive. Elle s’exerce.
Fait : Si le secteur des soins de santé était un pays, il serait le cinquième plus grand pays émetteur de gaz à effet de serre au monde.
Les participants à l’atelier Changements climatiques et santé : implications pour la pratique des soins infirmiers et la prestation des soins de santé se sont renseignés sur les systèmes durables de santé et sur la façon de tirer parti des possibilités pour un changement. Les infirmières et infirmiers ont un rôle indispensable à jouer dans la lutte contre les impacts des changements climatiques et dans la défense de la durabilité.
« Nous constatons des changements dans les conditions météorologiques extrêmes, la perte d’habitat, la perte de sol… et notre santé dépend de la santé de l’environnement », a déclaré Nicole Simms, animatrice de l’atelier, responsable de l’éducation et de la formation chez CASCADES. « Les changements climatiques ont un impact sur notre santé : maladies liées à la chaleur, TSPT, asthme, infection, malnutrition. Nous devons élaborer des réponses pour y remédier. »
Par exemple, on estime qu’un cinquième des prescriptions, un quart des tests et un dixième des procédures sont potentiellement inutiles, selon The Lancet.
« Réduire les émissions provenant de la fourniture de services de santé : existe-t-il des moyens de rendre les soins plus durables? Par exemple, peut-il y avoir une réduction des articles à usage unique? », a demandé Mme Simms.
« Quels domaines d’opportunité de durabilité pouvez-vous identifier? » Teri Forster, responsable du climat et de la santé planétaire de la FCSII, a interrogé les participants, qui ont fourni des douzaines de réponses allant du recyclage, au magasinage dans les friperies, en passant par la transition vers un système de fichiers numériques et éviter d’imprimer des documents.
Mme Forster, qui est membre du conseil régional du SIICB, note : « Il s’agit de faire des choix différents, afin de ne pas créer de déchets. »
Mme Forster a souligné que la FCSII a développé une excellente ressource – Trousse d’outils infirmiers pour la santé planétaire – qui fournit de l’information et des ressources pour un système de santé plus durable, résilient et à faible émission de carbone :
« Les changements climatiques et les soins de santé sont tellement liés, alors comment pouvons-nous apporter des changements durables pour prévenir les émissions », a déclaré Genevieve Dallimore, participante à l’atelier et membre du SIICB. « Grâce à chacun des intervenants, cet atelier a mis en évidence la façon dont nous pouvons faire pression au niveau local et au niveau des systèmes pour faire avancer de nouvelles idées en matière de durabilité. »
Les infirmières et infirmiers souhaitant approfondir leur compréhension des défis auxquels sont confrontés les travailleurs migrants ont rempli la salle 205 pour l’atelier Comprendre l’expérience des travailleurs migrants : une perspective en soins de santé.
La session, animée par Michelle Tew, infirmière en santé du travail, et Eduardo Huesca des Centres de santé des travailleurs(ses) de l’Ontario (OHCOW), a offert un aperçu convaincant de la façon dont les obstacles systémiques ont une incidence sur la santé des migrants, et comment des soins éclairés et compatissants peuvent faire toute la différence.
Une participante, qui a noté qu’il y avait beaucoup de travailleurs migrants dans la communauté dans laquelle elle travaille, a déclaré : « Je suis ici pour en apprendre davantage sur les défis et les opportunités afin de pouvoir fournir les meilleurs soins aux travailleurs migrants. »
Les travailleurs migrants, en particulier ceux qui relèvent du Programme des travailleurs étrangers temporaires, jouent un rôle vital dans l’économie canadienne, particulièrement dans l’agriculture et le secteur manufacturier. Comme l’a souligné Mme Tew, malgré les contributions des travailleurs migrants, beaucoup sont confrontés à des conditions de travail précaires, à des droits limités et à un accès limité à l’aide lorsque les choses tournent mal.
« De nombreux travailleurs migrants évitent de déposer des réclamations pour accident du travail par crainte de représailles ou d’expulsion, et ce type de système contribue à la peur, au stress et aux blessures », a expliqué Mme Tew.
M. Huesca a ajouté que si les travailleurs migrants ne sont pas intrinsèquement vulnérables, leur statut d’immigration, leurs conditions de logement et les barrières linguistiques les rendent structurellement vulnérables.
« La COVID-19 a exposé des problèmes tels que les barrières linguistiques et les logements surpeuplés, mais la triste vérité est que bon nombre des conditions qui rendent les travailleurs migrants vulnérables n’ont toujours pas changé », a-t-il déclaré.
Pour les infirmières et infirmiers, la sensibilisation est essentielle.
« Comprendre ces enjeux aide non seulement le personnel infirmier à dispenser de meilleurs soins, a déclaré Mme Tew, mais aussi à plaider plus efficacement. »