« HO! HO! HÉ! HÉ! POUR UNE DOTATION QUI NE MET PAS EN DANGER! »
Les voix de plus 1 000 infirmières et infirmiers du Canada ont résonné dans les rues du centre-ville de Charlottetown. Les habitants saluaient à partir de leurs fenêtres au moment où la foule passait sous leurs yeux, une mer de drapeaux agités au son des tambourins, et une voix forte et unie. La vague de vestes blanches a défilé dans les rues, l’énergie montait à chaque coin de rue, et la vague s’est finalement abattue sur le gazon du parc Confederation Landing.
« Nous simulons la mort pour obtenir un nombre sécuritaire d’heures de travail », a lancé Pauline Worsfold, militante de longue date et infirmière depuis 42 ans.
À son signal, des centaines d’infirmières et d’infirmiers se sont couchés calmement sur le gazon, entourés de nombreux autres qui se tenaient autour d’eux et les soutenant en silence. Percutant et touchant, ce die-in a commencé avec un moment de silence pour se souvenir et pour rendre hommage à chaque patient, famille et infirmière ou infirmier qui ont porté, ou qui continuent de porter, le fardeau d’un système de soins de santé en situation de surcapacité et de manque de personnel.
Pendant que ces corps immobiles tapissaient le gazon du parc, des infirmières et des infirmiers sont montés sur scène pour partager leur vécu alors qu’ils travaillaient pendant la crise dans le secteur de la santé dans différentes provinces. L’air était rempli d’un esprit de solidarité et de force pendant que ces personnes partageaient leurs histoires de luttes et de triomphes.
Ils ont parlé de l’oppression et du manque de diversité dans le secteur des soins infirmiers. Ils ont partagé leurs histoires personnelles et leur vécu, à la fois comme patient ou infirmière, au sein du système de soins de santé. Ils ont parlé de l’impact douloureux du manque de personnel sur les patients, et du besoin désespéré de changer les choses.
Ceux et celles qui ont pris la parole ont demandé à leurs collègues de continuer à déployer des efforts pour améliorer les soins de santé pour tous, et créer un environnement de travail diversifié et accueillant partout au pays.
Au moment où les infirmières et les infirmiers se sont remis debout, les voix sont devenues plus fortes pour demander des changements.
Des changements aux ratios infirmière-patients. Des changements aux niveaux de dotation. Des changements au nombre d’heures de travail.
Comme l’a dit Worsfold : « Les infirmières et les infirmiers ne peuvent pas, et ne vont pas, arrêter de lutter tant et aussi longtemps que nos patients ne seront pas en sécurité. »
« C’est un honneur de continuer à servir en qualité de présidente de la FCSII, et d’aider à amplifier les voix des infirmières et des infirmiers partout au pays », a dit Silas, qui a dirigé la FCSII au cours des 20 dernières années.
Porte-parole passionnée, Linda s’exprime dans les deux langues officielles du Canada sur les enjeux infirmiers et les droits des travailleurs. Silas a été présidente du Syndicat des infirmières et infirmiers du Nouveau-Brunswick de 1990 à 2000, et elle a été la plus jeune présidente d’un syndicat infirmier dans l’histoire du Canada.
Elle est née à Dalhousie au N.-B., son père était un dirigeant du syndicat des employés de l’usine de papier journal Abitibi. Elle est très connue dans tout le Canada comme étant une féministe forte, une défenseure des soins de santé publics, des droits des travailleurs et de la justice sociale.
« Le secteur de la santé est encore en crise, mais les infirmières et les infirmiers savent que les choses peuvent être autrement », précise Silas. « Nos voix sont la clé pour protéger et améliorer le système public de soins de santé : les gouvernements doivent écouter, et ils doivent agir. Voilà le respect pour lequel je vais continuer à me battre. »
Angela Preocanin, première vice-présidente de l’Association des infirmières et infirmiers de l’Ontario (AIIO) depuis 2021, a été élue secrétaire-trésorière de la FCSII, et elle remplace Pauline Worsfold des Infirmières et infirmiers unis de l’Alberta, qui prend sa retraite de ce rôle aujourd’hui.
Preocanin a occupé des postes de direction au sein de l’AIIO pendant les deux dernières décennies. Infirmière autorisée, elle a travaillé en chirurgie thoracique, chirurgie cervico-faciale, soins d’urgence, et hémodialyse à domicile. Elle va continuer à jouer son rôle actuel au sein de la direction de l’AIIO.
« Le système public canadien de soins de santé se remet encore de cette pandémie catastrophique, et les niveaux de dotation en personnel infirmier sont affreux partout au Canada », souligne Preocanin. « C’est un grand honneur d’avoir la confiance des membres de la FCSII pour contribuer à la lutte tellement nécessaire pour remettre debout le système public de soins de santé au Canada. »
Facile à utiliser, la Trousse d’outils pour la santé planétaire est conçue pour offrir au personnel infirmier l’information et les ressources pour devenir des agents de changement, et des influenceurs, afin de créer un système de soins de santé plus viable, plus résilient et à faibles émissions de carbone.
On parle de « santé planétaire » pour refléter les connaissances et la compréhension autochtones de l’interdépendance entre les êtres humains et la nature. L’expression s’appuie sur le concept suivant : pour favoriser et maintenir la santé humaine et le mieux-être, nous devons promouvoir et favoriser la santé et le mieux-être de la Terre.
Ce concept est central pour régler les principales crises écologiques, y compris le changement climatique. Au Canada, le secteur de la santé est responsable d’environ 4,6 % des émissions totales de gaz à effet de serre au pays, soit le troisième taux le plus élevé au monde, et par habitant, d’émissions de gaz à effet de serre.
Cette trousse d’outils se concentre sur la façon dont les infirmières et infirmiers peuvent contribuer à l’action climatique au niveau individuel en adoptant des habitudes respectueuses de l’environnement, au niveau de leur unité en abordant la pratique quotidienne des soins infirmiers, et au niveau institutionnel en sensibilisant et en préconisant des changements de politique.
Cette trousse d’outils peut servir de guide pour préparer et organiser des réunions avec les cadres supérieurs dans votre milieu de travail. L’objectif est de promouvoir une transition économique viable, ainsi que des changements sur le plan politique et social afin que les générations futures puissent hériter d’une planète plus saine et plus sûre.
La mission de Meredith Preston McGhie au sein du Global Centre for Pluralism, dont le siège social est à Ottawa, est de permettre aux sociétés de s’épanouir en accordant de la valeur à leurs différences, et non en en faisant des raisons pour entrer en conflit.
S’adressant, vendredi après-midi, aux délégué(e)s lors de la séance finale du Congrès biennal de la Fédération canadienne des syndicats d’infirmières et infirmiers, McGhie mentionne que, même si les personnes du Canada peuvent souvent contribuer à ce processus dans des zones de conflit à l’étranger, nous devons utiliser le même processus pour sauvegarder ce que nous avons ici au pays.
McGhie est secrétaire générale du Centre, organisation caritative indépendante fondée par Aga Khan, chef spirituel des Musulmans ismaéliens du monde, au nombre d’environ 15 millions, et dispersés dans 25 pays, et constituant une minorité religieuse et culturelle dans chacun.
Alors, mentionne McGhie, pour la communauté ismaélienne, « pouvoir créer des espaces de communauté dans une société élargie est existentiel. »
De cela découle le but souvent presque impossible du Centre, explique-t-elle : rassembler des groupes de personnes qui sont en conflit dans différentes parties du monde, et qui ne veulent vraiment pas se parler, et établir une relation entre eux qui leur permet de découvrir ce qu’ils ont en commun.
Que l’on parle de la guerre civile au Soudan, de l’invasion de l’Ukraine, des désaccords amers parmi les personnes du Canada au sujet des vaccins contre la COVID-19, ou de comment résoudre le problème de l’héritage laissé par le colonialisme au Canada, McGhie dit : « nous devons consacrer plus de temps à amener les gens à la table. »
« Le Canada doit jouer un rôle dans le monde », souligne-t-elle. « Nous devons jouer le même rôle au pays. »
De petits gestes, explique-t-elle, nous donnent l’occasion d’être des artisans de la paix; trouver une terrain d’entente nous permet de voir que les communautés avec lesquelles nous sommes peut-être en conflit sont composées d’êtres humains; et être en mesure d’appartenir à notre propre communauté nous donne une capacité d’agir et la sécurité.
Mais, en ne faisant que raconter à répétition les histoires de nos communautés, nous courrons le risque de maintenir le statu quo et les divisions, a-t-elle souligné. Nous devons sentir que nous avons une capacité d’agir, mais nous devons assurer que les autres l’ont aussi.
« Le pluralisme est un muscle qui a besoin d’exercice », a-t-elle dit. « Il fait rejaillir sur nous le besoin de travailler avec nos partenaires dans la communauté. »