Partout dans le monde, le personnel infirmier ressent la pression de la crise au sein des systèmes de soins de santé et l’impact des pénuries de personnel sur les soins.
Que ce soit au Canada, en Irlande ou aux États-Unis, les panélistes de la séance plénière internationale de mercredi matin ont tous cité l’urgence de maintenir en poste et de recruter le personnel infirmier comme stratégie clé pour régler la crise dans le secteur de la santé.
Leigh Chapman, Ph. D., Infirmière en chef du Canada, Zenei Triunfo-Cortez de National Nurses United (NNU) et Phil Ni Sheaghdha de la Irish Nurses and Midwives Organization ont examiné la pénurie de personnel infirmier sous une perspective mondiale, et comment les infirmières et les infirmiers se mobilisent pour générer des changements positifs.
Comme l’a souligné Chapman, témoigner du respect au personnel infirmier est un facteur clé du maintien en poste, et un premier pas crucial pour alléger la pression sur la profession.
« Si nous n’arrêtons pas l’hémorragie, la profession se videra de façon continue de son personnel », a dit Chapman.
Triunfo-Cortez, co-présidente de NNU, fait écho au besoin d’offrir du soutien au personnel infirmier, particulièrement au sein du système public, car les personnes du Canada doivent maintenant « se battre contre les forces de la privatisation. »
« Nous savons, comme vous, que confier les soins au secteur privé… n’est pas la solution qui avantage nos patients », souligne Triunfo-Cortez. « La solution c’est de financer adéquatement le système public et d’offrir du soutien au personnel infirmier. »
« Offrir du soutien au personnel infirmier signifie assurer une dotation adéquate de chaque unité, et à chaque jour », a-t-elle précisé. « Cela signifie la fin de cette crise générée par le manque de personnel, une crise fabriquée par l’industrie hospitalière en poussant les infirmières et les infirmiers à quitter leur profession chérie en les faisant travailler en manque de personnel et en ne nous offrant pas des conditions de travail viables et sans danger. »
Chapman et Ni Sheaghdha ont souligné le besoin d’avoir des outils scientifiques solides et de meilleures données pour déterminer précisément le nombre d’infirmières et d’infirmiers nécessaires pour dispenser des soins de santé sûrs.
« Partout dans le monde, nous avons des études extraordinaires qui nous disent : pour assurer la sécurité des patients et dispenser des soins sûrs, vous devez avoir un nombre minimum d’infirmières, dépendamment de l’acuité des besoins des patients », a dit Ni Sheaghdha. Elle a dit aux délégué(e)s que c’est un concept qui s’est attiré la collaboration des organisations infirmières du monde car elles veulent maximiser l’impact mondial que pourraient avoir des ratios sécuritaires infirmière-patients.
« C’est bon de savoir que nous sommes tous dans le même bateau », mentionne Barb Campbell, IA et membre de la délégation des IIUA. « Mais une partie de moi est très en colère de savoir que nous sommes vraiment tous dans le même bateau! »
Certains sont venus seuls. D’autres en grands et petits groupes, tous impatients de se lancer dans cette aventure de raconter des histoires.
L’atelier, intitulé Le pouvoir des histoires : les conversations qui comptent, promettait d’être une expérience stimulante et participative. Il n’a déçu personne car les infirmières et les infirmiers ont exploré les avantages, les obstacles et les joies de raconter des histoires.
L’atelier a commencé avec une activité brise-glace qui a déclenché une vague de nostalgie dans toute la salle alors que les infirmières et les infirmiers, les yeux brillants, ont partagé avec enthousiasme leurs contes d’enfant préférés.
Les rires et les sourires ont rempli la salle de bal lorsque les participant(e)s ont raconté leurs histoires et découvert le fil commun qui les unissait.
Le facilitateur a souligné que raconter une histoire n’est pas seulement parler mais c’est aussi écouter. Il a utilisé des activités en petits groupes pour mettre en relief le pouvoir d’écouter une histoire, et a démontré comment les histoires sont bénéfiques pour les personnes et les collectivités, elles créent un pont entre les générations, préservent les traditions, et facilitent la guérison, l’engagement et le divertissement.
Pendant que l’atelier progressait, les infirmières et les infirmiers ont mentionné que raconter des histoires avait eu un impact profond sur leur vie professionnelle. Une infirmière en santé mentale a mentionné que les histoires ont servi de pont pour communiquer en profondeur avec ses patients, facilitant l’empathie et la compréhension.
L’atelier a précisé qu’il y a des gens pour qui ce n’est pas facile de partager leur histoire pour plusieurs raisons, y compris la culpabilité, la honte, la peur, et la blessure éventuelle de ne pas être entendu. La salle est devenue silencieuse lorsque les infirmières et les infirmiers ont reconnu le poids de ces barrières tout en reconnaissant le potentiel de guérison et de croissance qui se cache derrière chaque histoire non racontée.
Dans ce groupe vivant et engageant, le pouvoir de raconter des histoires a fleuri. Les cœurs se sont ouverts, les défis ont été reconnus, et des liens ont été noués. Avec leur nouveau cadeau de raconteur, les infirmières et les infirmiers ont été encouragés à raconter leur histoire et à écouter celle des autres tout en tissant la compassion et la compréhension dans leur vie professionnelle.
Pour certains, c’était la première fois qu’ils utilisaient des pronoms pour se présenter, mais chacun a fait le pas et est entré dans l’espace sûr et brave offert par les facilitatrices Barb Byers et Meera Chandler.
L’atelier Équité et inclusion au sein de nos syndicats encourageait les participant(e)s à poser les questions embarrassantes et à partager leurs expériences, tout en se familiarisant aux outils importants pour favoriser le respect, l’inclusion et l’équité au sein de leurs syndicats. Après tout, comme l’ont souligné les facilitatrices, ces valeurs sont les valeurs des syndicats, même si elles ne reçoivent pas toujours la même attention que la sécurité des milieux de travail ou les salaires décents.
Les participant(e)s enthousiastes étaient impatients de parler avec leurs collègues d’ailleurs au pays, en groupe ou en paire, et plusieurs se sont adressés sans peur et avec vulnérabilité à la salle entière. Le racisme, le privilège et la diversité ont été d’autres sujets qui ont déclenché des conversations personnelles et franches parmi le groupe. Un message a résonné particulièrement fort et clairement : les infirmières et les infirmiers veulent l’équité dans leur milieu de travail mais ont besoin des outils pour y arriver.
Heureusement, les facilitatrices ont parlé des étapes importantes pour favoriser l’équité dans les milieux de travail et les syndicats :
Bien sûr, les changements véritables ne se font pas en une nuit. Le voyage vers l’équité et l’inclusion au sein de nos syndicats exige l’éducation continue, le militantisme et des efforts, particulièrement lorsque l’on considère les changements à la langue dans le secteur de la justice, ainsi que la compréhension de plus en plus grande des émotions et des expériences.
« Le monde change tout le temps, et c’est une bonne chose », a conclu Byers.
Se débarrasser de la stigmatisation et améliorer la santé mentale dans le milieu de travail était prioritaire pour les infirmières et les infirmiers qui ont participé à l’atelier Santé et sécurité psychologiques.
Animé par Marie Dancsok des IIUA, et par Tara Peel du Congrès du travail du Canada, l’atelier de cet après-midi invitait les participant(e)s à explorer les approches systémiques et individuelles pour promouvoir une bonne santé mentale. On a aussi demandé aux infirmières et aux infirmiers de penser à des façons leur permettant de devenir des défenseurs de la santé et de la sécurité psychologiques dans leur milieu de travail.
Un milieu de travail psychologiquement sain et sûr favorise le mieux-être des travailleurs et fait place aux efforts pour prévenir tout préjudice.
« Le but général est de croire fondamentalement que chaque blessure est évitable, et nous le faisons avec une série d’outils », souligne Peel. « Nous identifions les dangers, nous travaillons pour les éliminer, et si nous ne pouvons pas les éliminer, nous nous demandons ce que nous pouvons faire pour les contrôler. »
Selon le gouvernement du Canada, les problèmes de santé psychologique et de santé mentale sont la première cause d’incapacité au pays. Voilà pourquoi la Commission de la santé mentale du Canada recommande l’adoption générale de la Norme nationale du Canada sur la santé et la sécurité psychologiques dans le milieu de travail (aussi appelée la Norme).
La première au monde de ce genre en 2013, la Norme est d’application volontaire et composée d’une série de lignes directrices, d’outils et de ressources conçus pour guider les organisations voulant promouvoir la santé mentale et prévenir tout préjudice psychologique dans le milieu de travail.
Lorsque les travailleurs sont syndiqués, la Norme exige qu’ils participent à sa planification et mise en œuvre dans le milieu de travail. Un certain nombre de syndicats, y compris les IIUA, ont inclus la Norme dans leur convention collective.
« Le syndicat a un rôle à jouer pour négocier l’inclusion de la Norme dans la convention collective », souligne Dancsok. « Si vous pouvez la négocier dans le cadre de la santé et la sécurité au travail (SST), elle ouvre un vrai chemin. »
Les délégué(e)s de la FCSII peuvent prendre connaissance de la Norme nationale du Canada sur la santé et la sécurité psychologiques dans le milieu de travail sur le site Web de la Commission de la santé mentale du Canada.