La difficulté de créer une nouvelle définition de la solidarité pour le mouvement syndical du 21e siècle dans un Canada diversifié. Voilà sur quoi se sont concentrés les panélistes et les délégué(e)s mardi matin, lors de la séance plénière de la biennale de la FCSII.
Le but de la séance, a expliqué le modérateur Hanif Karim, chargé des droits de la personne et de l’équité au sein du Syndicat des infirmières et infirmiers de la Colombie-Britannique, est « d’offrir une série de réflexions sur ce que veut dire la solidarité… afin de pouvoir créer un type de définition pratique de la solidarité pour nous-mêmes. »
La définition pratique issue de ces réflexions met l’accent sur plusieurs principes traditionnels des syndicats, par exemple, le besoin, pour les leaders syndicaux, d’être motivés par les priorités des membres de la communauté.
« Nous devons mettre nos membres au premier plan », a mentionné Dawn Armstrong, IA, présidente de l’équipe consultative contre le racisme au sein de l’Association des infirmières et infirmiers de l’Ontario.
Mais de nouvelles idées et approches ont aussi fait surface : un accent plus prononcé sur la communauté, et trouver des façons pratiques de refléter la diversité parmi les membres.
« Les syndicats sont devenus transactionnels », souligne Armstrong. « Les gens se tournent vers les syndicats pour savoir ‘qu’est-ce que vous pouvez faire pour moi?’. Nous devons revenir en arrière et en faire une communauté plutôt qu’une transaction. »
Connie Paul, membre du panel et infirmière de 34 ans, qui travaille avec les Premières Nations Snuneymuxw sur l’Île de Vancouver, a offert une métaphore entre les soins communautaires et un canoë glissant le long de la côte, et pouvant s’appliquer à comment nous voyons la solidarité syndicale.
« Aucune personne dans le canoë est plus importante que la personne devant vous », précise Paul. « Pour moi, la solidarité c’est comme pagayer pour me rendre chez moi. »
Manju Varma conseille les leaders syndicaux à utiliser le privilège dont ils jouissent à l’avantage des membres du syndicat et des autres personnes dans la société qui n’ont pas ce privilège. Ce n’est rien de mauvais que d’avoir un privilège, explique-t-elle, mais c’est une mauvaise chose de ne pas l’utiliser pour servir ceux et celles dans la collectivité qui ne l’ont pas.
La panéliste Jan Simpson, présidente nationale du Syndicat des travailleurs et des travailleuses des postes, est d’accord : « Pour ceux et celles d’entre nous qui avons un privilège, il est important d’utiliser ce privilège pour aller de l’avant, et non pour ériger des barrières. »
« Vous ne pouvez pas simplement tenir votre employeur responsable », a-t-elle rappelé aux délégué(e)s au début de ses commentaires.
Les leaders syndicaux eux-mêmes doivent être véritablement engagés à atteindre les buts de l’équité et de la diversité.
L’ambiance dans la salle était chargée de fébrilité lorsque les infirmières et les infirmiers se sont rassemblés pour la première journée d’ateliers lors du congrès biennal. Cette fois, ils mettaient l’accent sur la planification de leur vie après leur dévouement sans faille à servir les personnes du pays.
Pendant que la salle devenait silencieuse, Jim Yih, expert financier et conférencier, montait sur scène, rappelant aux infirmières et aux infirmiers que la planification de la retraite va au-delà des chiffres, des calculs et de l’argent.
Il ne fait aucun doute que la sécurité financière demeure une pierre angulaire du succès de la retraite, mais Yih a rapidement rappelé au personnel infirmier que la véritable satisfaction repose sur une retraite qui reflète ses passions et ses aspirations personnelles.
Il a encouragé les infirmières et les infirmiers à prendre un moment pour visualiser ce qu’ils aimeraient que leur retraite soit, et permettre à cette vision de les guider pour élaborer un plan qui est unique à chacun d’eux; un plan qui comprend les activités qu’ils aiment, les causes qui leur importent, et les expériences qui génèrent de la joie.
Commencer tôt est la clé. Ensuite on fait coïncider le plan avec les passions et les intérêts actuels. La transition à la retraite sera ainsi plus organique et satisfaisante.
Pendant que les infirmières et les infirmiers absorbaient l’information et contemplaient leur avenir, quelque chose est devenu d’une clarté éblouissante : la beauté d’une retraite réussie et satisfaisante repose à l’intersection de la sécurité financière et d’un mode de vie vibrant de sens.
Et le moment parfait pour prendre sa retraite? Vous le saurez lorsque vous serez prêts à commencer ce nouveau chapitre. En fin de compte, le meilleur moment pour prendre sa retraite c’est lorsqu’on se sent prêt.
Dehors, c’était nuageux et pluvieux, mais sous les chandeliers étincelants de la grande salle de bal Georgian de l’Hôtel Rodd Charlottetown, les infirmières et les infirmiers ont dansé tout l’après-midi dans le cadre d’un des ateliers les plus stimulants du congrès biennal de la FCSII.
Toute personne qui est venue à l’atelier « Nos soi résilients : redécouvrir notre vitalité, notre force et notre joie par le mouvement et la danse » avec un brin de scepticisme, démontrait aucune hésitation à la fin de l’après-midi alors que les rires et le son des pieds au sol remplissaient la salle.
Animé par Patricia Capello, thérapeute utilisant la danse et le mouvement, cet atelier expérimental a guidé plus de 60 infirmières et infirmiers dans la reconnaissance et l’appréciation de soi par l’intermédiaire de danses créatives, simples et communales, et d’exercices de mouvement.
« Mot but est de passer le mot au sujet de tout ce que le corps a à dire », a dit Capello aux participant(e)s à l’atelier. « Vous pouvez apprendre beaucoup par rapport à ce que vous pouvez faire en faisant bouger votre corps. »
Capello a été thérapeute principale utilisant la danse et le mouvement, et chef d’équipe au sein du service des activités thérapeutiques au Maimonides Medical Center de Brooklyn, New York, et a fait partie du conseil d’administration de la American Dance Therapy Association pendant plus de 16 ans.
Reconnaissant que le personnel infirmier ressent une pression constante à mettre les besoins des patients et des collègues avant les leurs, Capello a encouragé les infirmières et les infirmiers à faire un effort conscient pour mettre l’accent sur leur propre corps.
Lorsque les participant(e)s n’étaient pas en mouvement pendant l’atelier, ils étaient guidés dans des exercices de respiration, d’étirement et de relaxation.
« Vous travaillez toute la journée avec les corps des gens, et parfois on néglige son propre corps parce qu’on se dit qu’on peut continuer par notre force et notre détermination », a-t-elle dit au moment où elle a demandé aux participant(e)s de déterminer où, dans leur corps, ils se sentent stressés et où ils puisent de la force.
« Nous venons de nous rencontrer, nous nous sommes levés et avons dansé ensemble », a dit Capello aux infirmières et aux infirmiers qui venaient de terminer une compétition de danse, qui a occupé toute la grande salle au son de Bruno Mars.
« Qu’avez-vous remarqué en regardant autour? Unité. Sourires. Être ensemble. Confiance. Nous pourrions en parler pendant une heure et élaborer une PowerPoint, mais cela ne résonnera pas tant que vous ne l’aurez pas fait », a-t-elle précisé. « Vous avez vu comment les gens bougeaient. Nous avions des similarités et des différences. Mais nous étions beaux et nous étions un. »
Tout n’est pas noir et déprimant, mais la confiance dans le système public de soins de santé du Canada s’effrite après des années où nos hôpitaux ont subi les contre-coups de la COVID-19 et des pénuries de personnel. Voilà ce que Stephen Staples de la Coalition canadienne de la santé a dit, hier, à un groupe de délégué(e)s à la biennale de la FCSII.
« Les chiffres commencent à changer et la confiance est ébranlée », a dit le directeur des politiques et de la défense des droits au sein de la Coalition canadienne de la santé. Mais il y a des choses que le personnel infirmier et les autres partisans des soins publics peuvent faire pour renverser cette tendance.
Avec Anne Lagacé Dowson, directrice des médias à la Coalition, et Tracy Glynn, directrice nationale des opérations, Staples a donné quelques conseils sur comment déterminer les problèmes particuliers dans le secteur de la santé, les exposer aux politiciens, journalistes et le public, et proposer des solutions.
« À la fin de l’atelier, chacun aura un plan personnel d’action politique », promet-il. C’est une nécessité, a-t-il ajouté, parce que « nous sommes les premières lignes de protection du système de soins de santé. »
L’atelier a couvert plusieurs sujets, notamment déterminer le spectre des alliés et des opposants, choisir des cibles, préciser qui est le plus susceptible de nous aider, qui peut être incité à avoir une position plus favorable, et définir les buts, les stratégies et les tactiques de l’effort de lobbying.
Lagacé Dowson a décrit comment on peut utiliser les connaissances et l’expérience du personnel infirmier pour créer des histoires fascinantes qui retiendront l’intérêt des médias. Après tous, a-t-elle dit aux délégué(e)s, « les médias c’est du show business. »
Alors que l’atelier tirait à sa fin, Staples a dit aux participant(e)s : « Vous avez maintenant devant vous une bonne idée de votre plan personnel d’action politique. J’espère que vous sentez que vous êtes dans une position de le mettre en œuvre dans la vraie vie. »