Huffington Post Blog – 15 novembre 2017
Dans les émissions-débats, les grands titres des nouvelles, et lorsqu’ils parlent aux aînés, les infirmières et les infirmiers entendent les mêmes histoires : les aînés qui ont besoin de soins ne savent pas vers qui se tourner. La plupart des aînés veulent « vieillir à la maison » et demeurer indépendants aussi longtemps que possible. Peu de services de soins à domicile sont offerts, et les temps d’attente sont longs dans le secteur des soins de longue durée. L’accès, le coût et la sécurité sont des préoccupations majeures pour les aînés en quête de soins.
Le nombre d’aînés au sein de la population canadienne continue d’augmenter et la situation de crise entourant les soins ne fera que s’envenimer. Selon des données de Statistique Canada et de l’Institut canadien d’information sur la santé, les personnes âgées vivent plus longtemps que jamais et souffrent de maladies de plus en plus complexes.
Or, les dépenses du Canada en soins de longue durée, calculées selon un pourcentage du PIB, demeurent stagnantes et sont inférieures à la moyenne des pays de l’OCDE. Par conséquent : lorsque la FCSII a mené un sondage auprès de 1 116 infirmières et infirmiers des secteurs des soins de longue durée et des soins à domicile, une grande majorité ont mentionné que la dotation actuelle ne suffit pas pour faire le travail. Les deux tiers environ du personnel infirmier en soins à domicile ont fait des heures supplémentaires à chaque semaine alors qu’ils préféraient ne pas en faire. Plus de la moitié du personnel infirmier en soins de longue durée mentionnent, qu’en général, ils n’ont pas suffisamment de temps pour bien faire leur travail.
Voici la réalité : des améliorations dans le secteur des soins à domicile et des soins de longue durée ne peuvent être apportées sans augmenter la dotation en personnel pour répondre aux besoins croissants.
Les pénuries de personnel ont un impact direct sur les soins dispensés aux personnes âgées. Les résultats du sondage mené par la FCSII révèlent que, mensuellement, il arrive « fréquemment » ou « parfois » que des soins essentiels ne soient pas dispensés. Près de la moitié, ou plus de la moitié, des infirmières en soins de longue durée mentionnent avoir omis, au cours du dernier mois, des tâches vitales, par exemple faire la toilette des patients, soins des pieds ou aide à marcher. D’autres tâches ont aussi été omises, souvent ou parfois, au cours du mois, notamment retourner les patients pour éviter les plaies de pression (44 pour cent), donner le bain (35 pour cent) et les nourrir (24 pour cent). Les chutes – qui, souvent, précipite le déclin de la personne âgée – sont, selon 60 pour cent des participants au sondage, un « problème majeur » en soins de longue durée, vient ensuite l’absence de soins dispensés en temps opportun.
Quel message sommes-nous en train de communiquer à nos parents – nos êtres chers – si nous, en tant que société, négligeons des besoins humains tellement fondamentaux?
Des normes minimales de soins, comme celles énoncées dans le Projet de loi 33 (Loi sur le temps alloué aux soins de l’Ontario, et qui a obtenu l’appui des tous les partis lors de la deuxième lecture, ainsi que la moyenne provinciale proposée par le gouvernement de l’Ontario, seraient un bon point de départ. Une moyenne provinciale minimale de 4,0 heures de soins directs par résident, par jour, serait une amélioration et, en qualité d’infirmières et d’infirmiers, nous pensons que cette norme est un seuil minimal et non pas un plafond. En fait, il y a plus de deux décennies, les U.S. Centers for Medicare and Medicaid ont déterminé que 4,1 heures par résident, par jour (y compris 2,8 heures de soins par le personnel non réglementé et 1,3 heures par le personnel réglementé) était le seuil sous lequel les résultats négatifs sont le plus susceptibles de se produire, par exemple la perte de poids et les plaies de pression.
En raison de l’augmentation de la quantité et de l’acuité des besoins dans les secteurs des soins à domicile et des soins de longue durée, la FCSII appuie la recommandation des experts de 4,5 heures de soins directs par résident, par jour (avec un pourcentage minimal dispensé par le personnel infirmier réglementé, y compris les infirmières autorisées) si notre but est d’améliorer la qualité de vie de nos aînés.
Voici la réalité : des améliorations dans le secteur des soins à domicile et des soins de longue durée ne peuvent être apportées sans augmenter la dotation en personnel pour répondre aux besoins croissants. Les provinces doivent cesser leurs platitudes au sujet des soins aux aînés et commencer à investir dans ce secteur prioritaire.
Les personnes âgées recevant des soins à domicile ou des soins de longue durée affichent des maladies de plus en plus instables et complexes qui exigent des évaluations cliniques pouvant être faites par une infirmière autorisée pour déterminer les soins nécessaires, coordonner ces soins et les dispenser de façon uniforme, et en temps opportun.
Il est aussi essentiel d’investir dans l’éducation et la formation de tous les membres de l’équipe de soins si nous voulons mieux répondre aux besoins des aînés en matière de soins.
Les personnes âgées méritent des soins axés sur la qualité et la sécurité. Pour y arriver, il faut une bonne composition du personnel (éventail des compétences), un nombre suffisant de personnel, davantage d’éducation et de formation, et des normes minimales de soins pour que nos parents et nos êtres chers reçoivent les soins dont ils ont besoin et qu’ils puissent être traités avec la dignité que nous méritons tous.