C’est sous un tonnerre d’applaudissements que Linda Silas, présidente de la FCSII, est montée sur scène et a déclaré à plus de 1 000 infirmières et infirmiers : « C’est fini d’être gentils! »
Dans la salle remplie d’infirmières et d’infirmiers, familiers au burn-out et aux conditions de travail difficiles, Silas a souligné leur résilience, et à exprimer, du fond du cœur, sa gratitude pour leur dévouement inébranlable.
L’ambiance était teintée de fierté et de détermination lorsque Silas a dit aux infirmières et aux infirmiers que leur mieux-être serait toujours protégé et leurs voix représentées. Elle leur a dit que la FCSII « montait le volume » et à souligner clairement que leurs syndicats ne resteraient jamais silencieux par rapport aux enjeux qui étaient importants pour eux.
Elle leur a rappelé ce qui peut être accompli lorsque les infirmières et les infirmiers élèvent la voix et travaillent ensemble en solidarité : les progrès dans la mise en œuvre de ratios infirmière-patients en Colombie-Britannique, la modification cruciale au Code criminel protégeant le personnel infirmier de la violence au travail, et la nomination d’une infirmière en chef du Canada.
Au cours des deux dernières années, la FCSII a fait valoir les préoccupations du personnel infirmier à l’échelon fédéral, et c’est directement au premier ministre Trudeau, aux ministres de la Santé, et aux premiers ministres provinciaux et territoriaux, qu’elle a fait part des défis du personnel infirmier de première ligne, et des solutions pour les surmonter.
La FCSII est aussi déterminée à mener des études de grande qualité qui font la lumière sur les principaux enjeux infirmiers. Dans la foulée d’un rapport mettant en relief la magnitude de la crise dans le secteur infirmier, et les solutions connues pour y remédier, l’organisation va maintenant mener une étude sur le nombre sécuritaire d’heures de travail pour le personnel infirmier. Silas souligne que les conducteurs de véhicules lourds et les pilotes sont limités par rapport au nombre d’heures pendant lesquelles ils peuvent travailler, mais qu’une telle législation n’existe pas pour le personnel infirmier.
« Nous visons vraiment plus haut », a dit Silas. « Recueillir les données sur les heures de travail… s’assurer que la vie de nos patients est aussi importante que celle des passagers dans un avion, que la vie des infirmières et des infirmiers est aussi importante que celle des pilotes d’avion. »
Les infirmières et les infirmiers le savent : régler les problèmes en santé commence en témoignant du respect aux infirmières et aux infirmiers. Au moment où Silas terminait son allocution, ce sentiment remplissait la salle, et les infirmières et les infirmiers ont scandé le mot ‘respect’… une demande retentissante de changement.
Malgré l’ambiance stimulante et motivante du congrès biennal de la FCSII, tout ne va pas bien dans le secteur de la santé au Canada. Mais, comme on a pu le constater lors de la discussion ouverte avec les membres du conseil exécutif national, les leaders infirmiers du Canada sont engagés et écoutent, et les infirmières et les infirmiers du Canada sont prêts à agir.
Les défis soulevés par les membres qui sont venus au micro pendant la discussion sont intimidants.
Violence au travail et manque de soutien des corps policiers. L’érosion des soins de santé universels par les cliniques à but lucratif et les agences privées d’infirmières. Les étudiantes et les étudiants en sciences infirmières portant le fardeau d’une dette étudiante qui augmente, et des programmes d’études obsolètes. La carrière empoisonnée par le manque de personnel et les heures supplémentaires obligatoires.
Et pourtant, chaque problème a été reçu avec une calme assurance et une détermination ferme de la part des leaders syndicaux : il s’agit des syndicats infirmiers du Canada, et ils ne se laisseront pas décourager.
« Ne pleurnichez pas, défendez-vous! », a lancé Linda Silas, présidente de la FCSII, pour encourager le personnel infirmier à lutter fort pour faire une différence.
Les présidentes des syndicats ont aussi partagé leurs triomphes dans les milieux de travail, y compris les ratios infirmière-patients maintenant prescrits par la loi en C.-B.
« C’est excitant pour nos infirmières et nos infirmiers de montrer à tout le monde que c’est réalisable », a dit Aman Grewal, présidente du SIICB.
En Alberta, où le parti conservateur a remporté, de façon très serrée, la récente élection provinciale, de fortes lueurs d’espoir brillent encore. Danielle Larivee, vice-présidente des IIUA, a rappelé à la foule qu’une infirmière a remporté son siège pour le parti NPD, et a défait le membre du PCU qui l’occupait – un ancien ministre de la Santé – par seulement 25 votes.
« Si vous n’aimez pas ce qui se passe, vous avez le pouvoir du bulletin de vote », mentionne Tracy Zambory, présidente du SIIS, tout en encourageant les membres à « puiser dans leurs réserves parce que si on ne fait rien, rien ne va changer. »
La privatisation à l’échelle du pays est un autre problème que les membres du CEN suggèrent au personnel infirmier de considérer lorsqu’ils iront voter. Et – si possible – de parler honnêtement avec leurs amis et leur famille des enjeux en santé qui sont importants.
« Lorsque ces candidat(e)s frappent à votre porte, c’est votre travail de leur demander de rendre compte », souligne Darlene Jackson, présidente du SIIM. « Nous les avons embauchés à la boîte de scrutin. Nous pouvons les congédier à la boîte de scrutin. »
Utiliser les élections à tous les échelons (municipal, provincial, fédéral) pour améliorer les soins de santé est un outil auquel tous ont accès, le pouvoir de défendre un système qui est vital pour toutes les personnes du Canada : les soins de santé universels.
« Les profits s’en moquent », a dit Pauline Worsfold, secrétaire-trésorière de la FCSII. « Les profits se moquent que vous soyez malade. Pas les infirmières et les infirmiers. »
Cette année, les Prix Du pain et des roses ont été remis à : Cathy Crowe, infirmière de rue, éducatrice, autrice, cinéaste, militante pour les droits des sans-abris; Cecile Cassista, défenseure des aînées et des droits des femmes; Yvette Coffey, présidente du Syndicat des infirmières et infirmiers autorisés de Terre-Neuve-et-Labrador; et Darlene Jackson, présidente du Syndicat des infirmières et infirmiers du Manitoba.
« Au travail ou au sein de leur collectivité, ces prix célèbrent le militantisme extraordinaire des infirmières et des infirmiers », précise Linda Silas, présidente de la FCSII.
Silas décrit Crowe, titulaire de l’Ordre du Canada, comme une voix puissante s’exprimant pour les personnes dépossédées du Canada et pour la profession infirmière.
« Ce prix représente les mercis du personnel infirmier du Canada pour son travail inlassable qui fait de notre pays un meilleur endroit pour tous », a-t-elle ajouté.
Elle a fait l’éloge de Cassista, fondatrice et directrice exécutive de la Coalition pour le droit des aînés et des résidents des foyers de soins, et titulaire de l’Ordre du Nouveau-Brunswick, et a souligné ses efforts « pour assurer, à tous les aînés, l’accès aux soins d’infirmières autorisées et d’infirmières auxiliaires autorisées, et non aux soins dispensés par des employés non qualifiés dont le travail n’est pas réglementé ».
Elle a chanté les louanges des leaders de deux syndicats infirmiers pour leur défense acharnée des soins de santé publics et leur lutte pour leurs membres pendant les heures les plus sombres de la pandémie.
« Yvette a dirigé le SIIATNL pendant les deux années les plus tumultueuses de l’histoire de la profession infirmière au Canada, et elle l’a fait avec assurance et grâce », a dit Silas. « Darlene a été à l’avant-scène de la lutte pour le personnel infirmier pendant toute la pandémie, sensibilisant le public à la réalité de la crise au sein du secteur infirmier. »
Les Prix Du pain et des roses sont décernés chaque année pour récompenser les personnes ayant contribué de façon exceptionnelle aux politiques, aux prises de décisions, à la défense des droits des patients, ou qui ont sensibilisé davantage le public aux enjeux infirmiers.
L’expression « du pain et des roses » rend hommage aux pionnières de la lutte pour le vote des femmes, les droits des femmes au travail, et la dignité. L’expression est souvent associée à la grève de 1912 des travailleuses du textile à Lawrence au Massachusetts, au cours de laquelle les grévistes ont scandé : « Nous voulons du pain, et des roses aussi! »