Sans personnel infirmier, nous n’avons tout simplement pas de système de soins de santé.
Au moment où les premiers ministres du Canada se réunissent virtuellement, aujourd’hui, pour parler des soins de santé, le personnel infirmier du Canada a un message clair pour eux : nos systèmes publics de soins de santé sont en situation de crise. Au cœur de cette crise il y a une pénurie désastreuse de personnel infirmier et autres travailleurs de la santé.
Un nombre record d’infirmières et d’infirmiers croulent sous l’épuisement. Ceux et celles qui restent doivent faire des quarts de travail sans fin et ne tiennent qu’à un fil après avoir travaillé 22 mois éreintants aux premières lignes d’une pandémie sans précédent. Le stress et l’épuisement chez le personnel infirmier atteignaient des niveaux records bien avant la COVID‑19, mais maintenant un pourcentage troublant, soit 94 %, mentionnent des symptômes de burn-out. La situation est passée de mauvaise à pire à la vitesse de l’éclair.
Les répercussions se font sentir chez les professionnels de la santé et les personnes dont ils prennent soin dans chaque collectivité, chaque province et chaque territoire du pays. De Biggar et Assiniboia en Saskatchewan, jusqu’à Baie Verte et Bell Island à Terre-Neuve, nous entendons parler d’hôpitaux forcés de réduire les services ou de fermer complètement en raison des pénuries de personnel infirmier et de médecins.
La réalité est toute simple : nous n’avons pas de système de soins de santé sans personnel infirmier et professionnels de la santé pour le maintenir en fonction jour après jour.
Les choses ne se sont pas envenimées à ce point par accident. La crise d’aujourd’hui se préparait depuis des années. Des années de sous-investissement. Des années de planification inadéquate. Des années de privatisation s’infiltrant graduellement. Des années d’allégement ou de fragmentation de la réglementation.
Bien avant que la pandémie n’ait mis à nu notre système fissuré de soins de santé, le personnel infirmier a mis en garde par rapport aux pénuries imminentes de personnel infirmier. Mais, malheureusement, on a fait la sourde oreille.
Au moment où les premiers ministres se rencontrent cette semaine, nous leur demandons comment ils peuvent s’attendre à ce que les infirmières et les infirmiers continuent ainsi, à se faire demander à répétition de faire encore plus d’heures supplémentaires, de couvrir plus de quarts de travail et faire d’autres énormes sacrifices personnels. Et sans aucun espoir de voir la fin.
Les infirmières et les infirmiers du Canada veulent que les leaders du pays non seulement tirent les bonnes leçons de ces 22 mois de pandémie mais reconnaissent aussi les manquements antérieurs qui nous ont menés ici.
Il y a un consensus national grandissant à l’effet qu’il faut des augmentations substantielles des transferts fédéraux en santé. Or, nous ne pouvons pas permettre que certaines provinces utilisent cet argent pour simplement grossir les recettes générales plutôt que l’investir pour consolider les soins de santé publics. Ou, pire encore, s’en servent pour des politiques rétrogrades, par exemple des crédits d’impôts à des personnes ou des corporations qui n’en ont pas besoin.
Une approche non assortie de conditions n’est pas en harmonie avec la reddition de compte et n’est pas juste envers le personnel infirmier qui fait de son mieux pour tenir le coup, et ni envers les personnes du Canada qui s’inquiètent de l’avenir de leurs soins de santé.
Alors, comment les décideurs fédéraux et provinciaux peuvent-ils aider?
La population canadienne doit être assurée que nos leaders poussent dans la même direction par rapport aux solutions pertinentes. Cela signifie pour les leaders du pays de travailler avec le personnel infirmier et les autres professionnels de la santé pour élaborer une nouvelle approche en matière de planification des ressources humaines en santé.
Cela commence avec une nouvelle stratégie de recrutement et de maintien en poste, une stratégie qui répond aux besoins actuels et futurs de notre population vieillissante. C’est la pierre angulaire pour assurer le bien-être et la viabilité de notre main-d’œuvre en santé pour les années à venir.
Cela signifie de meilleures données afin que nous puissions prévoir les besoins futurs et mettre en place des solutions fondées sur la recherche. Ainsi, nous pourrons mettre au point des solutions pour surmonter les défis dans le secteur de la santé auxquels est confrontée notre propre collectivité. Et cela signifie des solutions qui s’accompagnent d’un financement suffisant et font l’objet d’une plus grande reddition de compte.
Sans tous ces morceaux en place, nous ne pouvons tout simplement pas rassurer les personnes du Canada et leur dire que les soins de santé publics et de grande qualité seront là pour elles lorsqu’elles en auront besoin.