La déclaration suivante a été communiquée par le Congrès du travail du Canada le 8 octobre 2020. La FCSII appuie la demande du CTC d’éradiquer tout type de racisme.
En cette période où les populations partout au Canada et ailleurs dans le monde luttent contre la pandémie de COVID-19, les communautés racialisées ont non seulement été disproportionnellement touchées par cette crise en santé, mais sont aussi aux prises avec le violent héritage du colonialisme, la brutalité policière et le racisme systémique.
Les syndicats du Canada tiennent à se montrer solidaires des communautés racialisées et autochtones pour le respect des principes d’équité, de justice et des droits de la personne. Ces principes sont à la base même du mouvement syndical.
L’éradication du racisme systémique nécessitera des discussions difficiles et soutenues ainsi que des stratégies mûrement réfléchies pour informer et mobiliser tous les travailleurs et leur donner des moyens d’agir. Nous avons tous et toutes la responsabilité de contribuer au démantèlement des systèmes qui perpétuent le racisme et les inégalités et à l’élaboration de nouvelles façons de promouvoir la santé et le bien‑être de l’ensemble de notre société.
La vague de meurtres tragiques et de sévices perpétrés par la police contre des personnes racialisées ou autochtones aux États-Unis et au Canada a incité les défenseurs des droits de la personne et les communautés ciblées à réclamer en premier lieu la réduction du financement des services policiers.
Le contexte et le sens de cette revendication sont d’une importance capitale. La longue histoire de la brutalité policière est un facteur clé, et le meurtre brutal de George Floyd au début de l’été a certes été un moment galvanisant qui a éveillé la conscience publique au phénomène du racisme contre les Noirs et à ses répercussions.
L’héritage traumatisant de l’esclavage, de l’oppression et de la colonisation continue de se faire sentir dans la société. Il suffit de penser aux cas où les autorités policières font des contrôles excessifs, surveillent et parfois même tuent des membres des communautés racialisées ou autochtones. Le profilage racial, les soi-disant contrôles de routine « aléatoires », le nombre disproportionné de personnes noires ou autochtones en prison, la présence de la police dans les écoles et le nombre disproportionné d’interventions policières violentes sont autant de problèmes auxquels il faut s’attaquer.
L’appel pour réduire le financement des services policiers et pour mieux soutenir à la place les communautés se justifie, car les compressions dans les programmes pour les jeunes, l’investissement dans le logement abordable, le soutien des services en santé mentale et d’autres programmes sociaux essentiels ont fait mal à beaucoup trop de communautés vulnérables. En fait, dans les dernières décennies, les budgets des services policiers ont augmenté considérablement alors que les mesures d’austérité ont érodé le financement public pour les programmes et les services communautaires et sociaux de différents ordres de gouvernement.
Dans beaucoup trop de municipalités, de provinces et de territoires du Canada, les allocations budgétaires pour les services policiers dépassent le total des dépenses pour d’autres priorités comme le transport en commun, les bibliothèques, les parcs et les loisirs. Cette tendance a accompagné la militarisation croissante des services policiers au Canada, qui se voit dans l’achat de véhicules blindés et d’équipements tactiques qui ont plus leur place sur un champ de bataille que dans des quartiers urbains et suburbains. En raison du sous-financement chronique des programmes sociaux, on demande aux services policiers de s’occuper d’une foule de difficultés et de crises sociétales — des situations pour lesquelles leur formation, leur culture et leur mandat sont mal adaptés.
Les travailleurs et travailleuses doivent exiger que des services publics soient dédiés à améliorer le sort des communautés et à aider les gens à réaliser leur plein potentiel.
Les syndicats du Canada sont favorables aux efforts pour réduire les allocations budgétaires fédérales, provinciales, territoriales et municipales pour les services policiers au profit d’autres types de services — services et programmes sociaux et de santé communautaires, services de santé mentale et d’intervention en situation de crise, transport en commun, infrastructures pour le cyclisme et la marche, services de lutte contre la violence basée sur le sexe, programmes de traitement de la toxicomanie et de réduction des méfaits, pour ne donner que quelques exemples.
De façon plus générale, des investissements gouvernementaux accrus dans le logement abordable, les soins de santé mentale, la garde d’enfants et l’aide à l’emploi auraient une incidence directe sur la santé et le bien-être de la plupart des populations marginalisées en aidant à améliorer la sécurité publique et à s’attaquer aux causes profondes de la violence.
Les syndicats du Canada appuient l’appel à la réduction des budgets des services policiers, qui ont continué d’augmenter de façon exponentielle alors qu’on réduisait ou éliminait le financement des services publics. Le mouvement syndical appuie aussi les efforts pour analyser comment les autorités policières ont perpétué les séquelles des torts qui ont été commis et déterminer comment les ressources pourraient être mieux utilisées pour renforcer les communautés et aider les plus vulnérables.
Enfin, les dirigeants et dirigeantes du mouvement syndical canadien réitèrent leur engagement à faire progresser les droits de la personne dans leurs syndicats — dans les rangs de leur personnel et de leur classe dirigeante — et en collaboration avec les communautés. Cela nécessitera des ressources ainsi que des efforts soutenus d’information, de formation et d’action militante. Nous continuerons nos efforts pour atteindre les normes les plus élevées en matière d’équité, pour en donner l’exemple et pour assumer nos responsabilités en tout temps.